Maghreb. L’intégration maghrébine à l’épreuve de la frilosité d’Alger
Un pas en avant, deux pas en arrière ! La volonté affichée en février par le président Bouteflika de s’engager pleinement dans la construction maghrébine semble devenue un vieux souvenir pour le gouvernement algérien qui se montre réfractaire à aller de l’avant.
Les propos tenus par le ministre algérien du commerce, Mustapha Benbada, jeudi à Rabat, à l’occasion d’un atelier sur le commerce et les infrastructures au Maghreb organisé par la Banque mondiale et le ministère marocain de l’Equipement et des Transports en collaboration avec le secrétariat général de l’Union du Maghreb arabe, trahissent la frilosité des autorités algériennes à s’engager de plain-pied dans la construction d’un grand espace régional.
Une « vision globale »
« Notre position sur l’intégration maghrébine est claire. C’est une vision globale qui s’inscrit dans le cadre de la proposition de création d’une communauté économique maghrébine qui conduira à l’intégration économique en prenant en compte les spécificités économiques de chaque pays », a déclaré Mustapha Benbada à l’agence officielle APS.
Du point de vue du ministre algérien, les défis qui se posent au Maghreb « ne peuvent être vus seulement sous l’angle économique » mais doivent être portés par une «vision globale». Se voulant plus explicite, M. Benbada a précisé que la vision algérienne « ne se limite pas à un échange commercial qui pourrait favoriser un pays au détriment d’un autre » mais « prend en considération la réalité économique de chaque pays ».
Déroulant son argumentaire, M. Benbada explique que l’intégration maghrébine ne peut être assurée par les seuls échanges commerciaux du fait que les infrastructures économiques de pays de la région « ne sont pas homogènes ».
Le rêve du grand Maghreb en stand by ?
Ainsi donc, l’Algérie conditionne sa participation pleine et entière dans la réalisation de ce grand projet commun par le solutionnement de tous les problèmes qui se posent dans la région. Ce qui va à contresens de la stratégie prônée par le président tunisien Moncef Marzouki qui a voulu contourner le problème du Sahara occidental pour donner au beau rêve maghrébin toutes les chances de se réaliser.
Sachant que ses déclarations peuvent être interprétées comme une mauvaise volonté de l’Algérie d’apporter sa pierre à l’édifice maghrébin, M. Benbada a tenu à souligner que sa présence à cet atelier à la tête d’une importante délégation algérienne est une preuve de la disponibilité de l’Algérie à enrichir et à apporter sa contribution à toute initiative allant dans le sens d’une réelle intégration maghrébine.
Yacine Ouchikh