Luc Ferry, un philosophe dans la tourmente
Lundi 30 mai, sur le plateau télé de l’émission « Le grand journal » sur Canal+ consacrée aux scandales sexuels récents (DSK et Georges Tron), Luc Ferry a relaté l’histoire d’un ancien ministre français qui se serait «fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons», expliquant : «L’affaire m’a été racontée par les plus hautes autorités de l’État, en particulier par le Premier ministre. J’ai des témoignages des membres de cabinet des membres de cabinet au plus haut niveau, et des autorités de l’État au plus haut niveau». Mais il n’a donné aucun nom. «Si je sors le nom maintenant, que je lâche le nom dans la nature, premièrement c’est moi qui serai mis en examen et je serai à coup sûr condamné même si je sais que l’histoire est vraie». L’ancien ministre de l’Education faisait référence à un article publié récemment dans le Figaro magazine reprenant une rumeur qui court depuis plusieurs années. Pour le magazine L’Express, cette rumeur aurait trait à Jack Lang, ancien ministre la culture. Celui-ci a rétorqué qu’il «allait étudier avec son avocat la possibilité de porter plainte en cas de diffamation».
Vives réactions
Du côté de la classe politique, les réactions ne se sont pas fait attendre. Mercredi 1er juin, Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, expliquait au micro de France Culture que «quand il y a des faits avérés, c’est une faute de pas les révéler», précisant que «le droit d’informer, ce n’est pas celui de calomnier». Avant d’ajouter : «Si on a la conviction qu’il y a eu un délit, voire un crime, on saisit la justice et on ne va pas simplement bavasser dans la presse. Il faut bien distinguer dans le travail de l’information les faits et les rumeurs».
L’ancienne ministre de la Justice, Rachida Dati s’est également exprimé dans le même sens : «Ce qu’il dit c’est la non-dénonciation d’un crime. (…) Je ne vois pas comment la justice ne va pas s’emparer de ces propos». Le porte-parole du gouvernement François Baroin a précisé que s’il «rapporte des propos qu’il a entendus dans les couloirs (…) il n’est plus philosophe de la rumeur mais il en devient un acteur essentiel».
Pour Luc Ferry, «on peut être accusé de non-dénonciation de crime lorsqu’on a été témoin de quelque chose. Je n’ai jamais été témoin, je le dis clairement, et je n’ai aucune preuve dans cette affaire».
Plainte et enquête
Le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire afin que le Luc Ferry précise ces propos suite aux accusations qu’il avait lancées an début de semaine. L’affaire a été confiée à la brigade de protection des mineurs de la police judiciaire de Paris.
Du côté du Maroc, les déclarations de l’ancien ministre ont suscité des remous. Deux associations «Touche pas à mon enfant» et «Touche pas à mes enfants» ont choisi de porter plainte contre X. Le conseiller juridique de la première Moulay Mustapha Errachidi a ainsi affirmé : «Nous avions déjà entendu parler de cette affaire mais nous n’avions aucune preuve» avant d’ajouter qu’il porterait également plainte à Paris. L’avocat de la seconde association a tenu à préciser que «Le Maroc n’est pas un pays anarchique. Il y a des lois et il doit nous dire qui est ce pédophile qui a accompli cet acte au Maroc».
Gypsy Allard