Libye-Mais où donc se cache Kadhafi?

Il était pendant plus de 40 ans l’homme fort du pays, il a désormais endossé le statut de Wanted. Kadhafi et les siens sont la cible d’une chasse organisée dirigée par de hauts responsables spécialement délégués à la tâche.

Parce que le fait est là, malgré une pourchasse organisée et le déploiement de grands moyens, Kadhafi, dont la tête a été mise à prix, reste introuvable. Hicham Bouhagiar, haut responsable militaire du Conseil National de Transition qui coordonne la traque de l’ex-guide, avait fait bon nombre de déclarations démenties par la suite.

Le responsable militaire avait déclaré que Kadhafi pourrait se trouver dans la localité de Ghouat, à 950 km au sud de Tripoli et à 300 km au nord de la frontière avec le Niger. Ensuite qu’il avait sans doute quitté la ville Bani Walid, fief pro-Kadhafi où les troupes loyalistes y opposent une résistance farouche. Finalement qu’il se serait dirigé plus au Sud, vers le Tchad ou le Niger, avec l’assistance de tribus qui lui sont restées fidèles.

La dernière information évoque Ghadames, une oasis saharienne aux confins des frontières libyenne, tunisienne et algérienne, à 550 km au sud-ouest de Tripoli, comme nouveau refuge pour l’ex-chef en fuite. C’est ce qu’a déclaré Hicham Bouhagiar, hier encore mercredi 28 septembre.

Cette dernière hypothèse paraît plausible compte tenu des liens solides qu’entretient l’ex chef avec les Touaregs, habitants berbères de cette région, qui selon toute vraisemblance ont combattu à ses côtés. D’ailleurs, selon des informations reprises par la presse internationale, beaucoup d’entre eux ont dû fuir vers l’Algérie pour éviter les exactions qui seraient pratiquées par les rebelles à l’encontre de tous les « mercenaires » accrédités pour combattre aux côtés des forces loyalistes.

Quant à Kadhafi, sa dernière apparition publique remonte au 12 juin. Depuis l’entrée des rebelles à Bab al-Aziziya, sa résidence à Tripoli le 23 août, il a lancé à l’adresse de son « peuple » des messages audio fortement pathétiques l’appelant à prendre les armes et à résister.

La débandade du clan

La famille Kadhafi s’est dispersée dans les quatre coins du continent africain tout en continuant à proférer des menaces à l’encontre des « traîtres » et de promettre une victoire proche. Aïcha, la fille, ses frères Hannibal et Mohammed, leur mère Safia ainsi que d’autres membres de la famille accompagnés d’enfants ont fui en Algérie au mois d’août. Passant outre l’obligation de réserve à laquelle elle est astreinte, Aicha s’est offerte il y a quelques jours une sortie médiatique fracassante aussitôt désapprouvée par les autorités algériennes qui l’ont fait savoir.

Saadi Kadhafi, qui a dirigé une unité d’élite de l’armée serait réfugié au Niger, terre d’accueil également semble-t-il, pour d’anciens généraux libyens. L’Afrique du Sud serait une autre destination convoitée par quelques membres du clan et de hauts responsables.

Quant au fils Saïf al Islam qui devait « hériter » le pouvoir de son père, il serait encore à Bani Walid à côté des derniers résistants en date. Son frère Mouatassem, surnommé Hannibal, se trouverait encore à Syrte. Deux bastions pro-kadhafi assiégés à l’heure actuelle par les forces du CNT. Tous les deux prévoient de quitter la Libye, « peut-être pour le Niger », selon les récentes déclarations des dirigeants militaires du CNT.

Quant à la situation politique en Libye, elle reflète cette instabilité vécue sur le terrain. Suite à d’âpres luttes internes empêchant un gouvernement d’union nationale de voir le jour, le CNT  a finalement annoncé que la formation d’un gouvernement de transition ne serait possible qu’après la libération totale du pays. Et, tout porte à croire que ce n’est pas demain la veille.

Soufia Limam