Liberté de la presse. 2017 est l’année du « grand basculement » pour RSF

 Liberté de la presse. 2017 est l’année du « grand basculement » pour RSF


Reporters sans frontières a dévoilé mercredi son classement annuel de la liberté de la presse, qui met en lumière la « banalisation des attaques contre les médias ». La France progresse dans ce classement 2017, tandis que la Tunisie, le Maroc et l’Algérie sont tous en baisse. La situation y est toutefois sans commune mesure avec celle de l’Égypte, la Syrie ou la Turquie, les pays les plus dangereux de la région méditerranéenne pour les journalistes.


 


Situation globalement préoccupante


Les pays d’Europe du Nord sont encore cette année en tête du classement de la liberté de la presse dans le monde. La Norvège, la Suède et la Finlande montent sur le podium, suivis du Danemark et des Pays-Bas. À l’opposé, le trio infernal pour les journalistes ne change pas : le Turkménistan, l’Érythrée et la Corée du Nord ferment le classement 2017 de RSF.


Entre les deux extrémités, la situation n’est globalement pas favorable à l’amélioration des conditions de travail des médias. « La liberté de la presse n’a jamais été aussi menacée », depuis la création de ce baromètre en 2002, explique l’organisation de défense des journalistes. « En l’espace de cinq ans, l’indice de référence utilisé par RSF s’est dégradé de 14 % », précise-t-elle. 62 % des pays répertoriés ont enregistré une dégradation de leur note cette année.


 


Turquie et Égypte parmi les pires pays pour la presse


Les trois pays du Maghreb n’échappent pas à la tendance générale. Progressant régulièrement depuis 2011 grâce à sa transition démocratique, la Tunisie baisse cette année pour arriver à la 97e place (-1). RSF s’inquiète des « interrogatoires de journalistes par des brigades antiterroristes » et des « poursuites engagées par des tribunaux militaires à l’encontre de trois professionnels des médias ». Le pays rescapé des printemps arabes a encore du chemin à parcourir pour faire figure de modèle. La Tunisie reste ainsi bien loin des précurseurs africains en la matière, dont la Namibie (24e), le Ghana (26e) et l’Afrique du Sud (21e).


Le Maroc et l’Algérie sont au coude à coude, respectivement à 133e et 134e place. Mais, c’est en Algérie que la situation est la plus alarmante avec une chute de 5 places cette année. Le rapport pointe en particulier la mort en détention du journaliste algéro-britannique Mohamed Tamalt, « détenu pour des propos tenus sur les réseaux sociaux jugés offensants envers le président de la République ».


En France, la liberté de la presse fait l’objet de menaces d’un genre différent. RSF pointe les conflits d’intérêts et le recul de l’indépendance des journaux du fait de leur contrôle par un nombre de plus en plus restreint de grands patrons proches des milieux politiques. L’État n’est pas dédouané non plus. Le rapport souligne « une recrudescence de pratiques violentes des forces de l’ordre contre des reporters, à l’occasion des manifestations contre la loi travail ou du démantèlement de la jungle de Calais ».


Par ailleurs, la région méditerranéenne concentre quelques pays parmi les plus répressifs contre les médias : la Turque (155e) et l’Égypte (161e), devenues les deux plus grandes prisons pour journalistes et surtout la Syrie (177e), où la presse n’est pas épargnée, voire délibérément ciblée, dans la guerre civile qui fait rage.


Rached Cherif