Les Y’a bon Awards, une cérémonie militante Eric Zemmour épinglé pour l’ensemble de son oeuvre

Vous connaissez  les Césars, cette cérémonie qui récompense les professionnels du cinéma, mais connaissez-vous les Y’a bon Awards ?

Cette cérémonie, dont la troisième édition a eu lieu lundi 23 mai à Paris au Cabaret sauvage, récompense de manière humoristique les personnalités ayant tenus les pires propos xénophobes de l’année. Organisée par l’association Les indivisibles, cette remise de Bananes d’or vise à combattre le racisme. Pour la porte-parole Anne Littardi, «L’humour est une façon d’en parler sans pointer du doigt les gens, sans les faire se sentir coupables, juste pour les amener à avoir une réflexion».

Les personnalités médiatiques sélectionnées concourent donc dans six catégories : «L’ensemble de son œuvre», «L’islam ne passera pas par moi», «Finalement, c’est pas si dur d’être raciste», «Les envahisseurs III», «La France au français, les vrais» et «meilleur espoir».

Si l’année précédente, Brice Hortefeux avait été récompensé pour «L’ensemble de son œuvre», le prix revient cette fois-ci à Éric Zemmour qui s’est fait remarquer à plusieurs reprises, notamment en affirmant sur des plateaux télé que les employeurs «ont le droit» de refuser d’embaucher des Arabes ou des Noirs, ou que «les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… c’est un fait».

Robert Ménard, ancien président de Reporters sans frontières (RSF) s’est vu remettre la Banane d’or de «L’islam ne passera pas par moi» pour son intervention sur RTL fin 2010 : «Je n’ai pas envie qu’il y ait autant de mosquées que d’églises dans mon pays. (…) Il y a 200 000 immigrés qui viennent chaque année en France. 80 ou 90 % sont musulmans. Il faut arrêter ça ».

Dans la catégorie «Finalement, c’est pas si dur d’être raciste», le parfumeur Jean-Paul Guerlain l’emporte avec cette déclaration faite au journal de France 2 : «Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un Nègre. Je ne sais pas si les Nègres ont toujours travaillé».

Pour les trois catégories suivantes, le jury qui n’a pu réussir à départager les candidats a dû décerner des prix ex æquo.

Le romancier Pascal Bruckner et Bruno Larebière, rédacteur en chef de Minute (journal d’extrême droite) remportent la Banane d’or «Les envahisseurs III». «Je me demande s’il n’était pas plus facile de circuler en 1940 sous l’occupation allemande que de circuler à la Goutte d’or un vendredi», dixit ce dernier.

Les journalistes Michel Godet, Elisabeth Lévy et Ivan Rioufol se partagent la Banane d’or de «La France au français, les vrais» pour leurs propos sur RTL en janvier dernier.

Quant à Chantal Brunel, députée UMP, elle a reçu le prix du «meilleur espoir» pour sa proposition qui consiste à renvoyer les étrangers par bateaux de l’autre côté de la Méditerranée. Un prix qu’elle partage avec Benjamin Lancar, président des Jeunes populaires (branche jeune de l’UMP). La relève semble assurée.

Les Y’a bon Awards constituent une nouvelle forme de dénonciation du racisme. Un seul regret, une nouvelle cérémonie aura certainement lieu en 2012 tant les discours racistes semblent se banaliser.