Les femmes dirigent 20% des ménages marocains

 Les femmes dirigent 20% des ménages marocains

la grande majorité de ces femmes chefs de ménage (86

Selon les derniers chiffres du Haut Commissariat au Plan, 20% des ménages marocains sont dirigés par des femmes. Le chiffre annoncé suscite l’exclamation générale, même à la lumière des grandes métamorphoses sociales que connait le Maroc dernièrement. Pourtant, ce chiffre est moins élevé que dans d’autres pays en voie de développement, selon les statistiques de la FAO.

Aujourd’hui, 6 916 000 ménages marocains sont dirigés par des femmes d’après les toutes récentes statistiques du Haut commissariat au Plan (HCP). Ce qui correspond exactement à 19,1% de l’ensemble global des ménages. Le milieu urbain est particulièrement concerné par ce chiffre puisque 20,8% de ses ménages sont dirigés par des femmes, contre  16,1% seulement dans le milieu rural.

Des détails sont livrés dans l’étude du Haut Commissariat au Plan qui a été publiée à l’occasion de la journée nationale de la femme. Il y est indiqué, à titre d’exemple qu’en tête des femmes chefs de ménages viennent les veuves qui représentent 55% de cette catégorie sociale, elles sont âgées de 30 à 59 ans. Ensuite, ce sont des femmes mariées (qui peuvent être séparées) (28,3%), divorcées (10,1%) puis célibataires (6,5%), explique le HCP, ajoutant que la grande majorité de ces femmes (86,3%) est sans diplôme.

Ces chiffres démontrent que c’est surtout par contrainte que la femme se retrouve en tête du ménage. Malgré l’émancipation de la femme et la place qu’elle occupe actuellement dans le marché du travail, on est loin du schéma de la célibattante qui assume le foyer par choix. S’il existe en effet des femmes qui peuvent subvenir aux besoins du ménage, rares sont celles qui le prennent complètement en charge et ce pour des raisons essentiellement culturelles désignant le mari comme « maître » du foyer.

Ici et ailleurs…

De par le monde, les contraintes sont peu ou prou les mêmes. La proportion moyenne de ménages dirigés par des femmes est la plus élevée dans les Caraïbes avec 35%, à cause des unions consensuelles. En Amérique latine, la moyenne est moins élevée : 21%. En Afrique subsaharienne, elle est de 20%. « Les moyennes les plus basses se rencontrent en Afrique du Nord, en Asie Occidentale et septentrionale avec 12 et 13%, respectivement », indique le rapport de la FAO. Dans les années 80, ces chiffres là ont atteint les 30% en Egypte ou 50% au Congo ! En raison de la guerre, la migration masculine, la désintégration des structures familiales traditionnelles et la maladie, en particulier le SIDA qui a le plus sévi en Afrique, à cette époque- là. Notons que dans la plupart des pays d’Afrique ou d’Asie, les foyers gérés par les femmes se trouvent plutôt en milieu rural, contrairement au Maroc.

Au rythme du développement économique et social que connait le Maroc, le nombre de ménages dirigés par des femmes est destiné à augmenter. Surtout devant l’élévation de l’âge moyen au premier mariage, le célibat parfois choisi chez une catégorie de femmes, mais aussi le changement des mentalités. Si le principe d’égalité prôné par la nouvelle constitution est respecté, l’abolition des inégalités salariales, dont la femme marocaine est victime, l’aiderait à supporter le joug de la responsabilité financière du foyer.

Fedwa Misk