Les cinq jours de Georges Tron
Cinq jours, c’est peu, c’est pourtant la durée qui s’est écoulée entre l’annonce des plaintes pour agressions sexuelles déposées contre Georges Tron par deux anciennes employées de la mairie de Draveil. Chronique d’une démission annoncée.
Mercredi 25 mai, les médias français, encore sous le choc de l’affaire DSK, révèlent une nouvelle affaire mettant en cause un homme politique dans un scandale sexuel. Il s’agit de Georges Tron, secrétaire d’État à la fonction publique. Deux anciennes employées de la mairie de Draveil (Essonne) l’accusent de leur avoir dispensé des massages de réflexologie plantaire qui auraient tourné en agression sexuelle. Le parquet d’Évry ordonne alors une enquête préliminaire.
Le 26 mai, les deux plaignantes, défendues par Me Gilbert Collard sont entendues par la police judiciaire de Versailles. L’association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) affirme que l’une d’entre elles avait déjà contacté l’association pour le même motif en novembre 2010, sans toutefois préciser quel était l’agresseur de l’époque.
Le 27 mai, le député-maire de Draveil Georges Tron déclare dans un quotidien de la place que ces accusations ont été formulées par des personnes qui «n’ont pas la capacité personnelle, psychologique et culturelle de faire une telle chose toutes seules». Il dénonce «une camarilla organisée».Même s’il nie les faits, le secrétaire d’État à la fonction publique concède que «la question de sa démission du gouvernement se pose», mais qu’il ne le fera que sur demande de François Fillon ou Nicolas Sarkozy.
Le 29 mai, l’avocat de Georges Tron déclare «fantaisistes» les accusations lancées à l’encontre de son client.
Dimanche 29 mai, Georges Tron présente au Premier ministre François Fillon sa lettre de démission. Parallèlement, il envoie une lettre au président de la république dans laquelle il déclare qu’il fera «une affaire personnelle de faire reconnaître» son innocence «en combattant les accusations vindicatives de deux anciennes collaboratrices (…). La campagne de presse qu’elles ont provoquée a perçu un tel écho dans les médias (…) que nos concitoyens peuvent me considérer comme coupable avant que mes droits aient pu commencer à être mis en œuvre».
Un homme pressé
Du côté des politiques, les réactions ne se sont pas fait attendre. Pour Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, qui avait plus ou moins appelé à sa démission, cette décision est «une bonne chose». «Il y a des moments où il faut savoir prendre des décisions soi-même». Pour le secrétaire général de l’UMP François Copé, Georges Tron a fait preuve de sagesse en démissionnant. Xavier Bertrand, ministre du travail, a relevé qu’il s’agissait d’«une bonne décision, difficile à prendre», tandis que François Hollande, premier secrétaire du PS, il a affirmé que cette démission était «le mieux qu’il puisse faire pour assurer sa défense». Les propos de la député Eva Joly étaient sans équivoque : «il est bien normal qu’il ne puisse pas continuer à exercer sa fonction avec cette suspicion». Idem pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF : «la démission de Georges Tron est logique». Mais pour Marine Le Pen, présidente du FN, cette démission ne saurait suffire : «il doit également quitter son poste de maire», ce que demande également l’opposition à la mairie de Draveil.