Le gouverneur de Béjaïa ordonne la fermeture de sept temples protestants
C’est le 8 mai dernier et en vertu d’un arrêté rendu public dimanche 22 mai que la décision de fermeture de plusieurs lieux de culte chrétien est tombée, dans un délai qui ne dépasserait pas quinze jours.
Pourquoi ?
Officiellement, il s’agit d’une mise en conformité avec la loi régissant les cultes non musulmans. Une loi perçue comme « répressive » par l’Eglise protestante qui visiblement n’a pas l’intention d’obtempérer. « La loi de 2006 est une fois de plus utilisée pour maltraiter et condamner toutes les communautés religieuses non musulmanes. C’est une loi répressive », a dénoncé Mustapha Krim président de l’association de l’Eglise protestante d’Algérie EPA.
Bon à savoir, l’Algérie compte en tout 10.000 chrétiens. Il est utile de préciser également que les églises protestantes sont gérées par cette même loi qui réglemente l’activité des associations culturelles, sportives et autres, en l’occurrence, la loi 06/03 du 28 février 2006 régissant la pratique du culte non musulman en Algérie.
Le pasteur Krim annonce dans sa déclaration ne pas comprendre. « J’espère que c’est une boulette qui va être réglée parce que le wali en question dans la notification signale même que ça s’adresse à toutes les communautés protestantes sur le territoire national. Je pense qu’il n’est pas habilité à décider à son niveau pour le territoire national. Donc je ne comprends pas ». Et le président de l’association de continuer : « C’est une loi qui était censée venir améliorer la situation des cultes autres que musulmans. Malheureusement, on s’est rendu compte à sa parution que c’était en fait un arsenal répressif. Et puis, on nous a mis dans la peau de prosélytes. Et à chaque fois, on y a droit : on est traités comme des malfaiteurs».
Le gouverneur de Béjaïa de son côté invoque la loi de 2006 qui règlemente la pratique des cultes non musulmans. Cette loi impose en particulier une autorisation pour ouvrir un lieu de culte. A ce titre, s’agirait-il donc d’une fermeture définitive des sept temples ? La cellule de communication de la wilaya ne le précise pas. Celle-ci ne précise non plus quelles sont les dispositions qui n’ont pas été respectées.
Pour rappel en 2008, et dans le même esprit, c’est le gouverneur de Tizi Ouzou qui avait fait pression pour fermer 21 temples. Seuls quatre alors avaient fermé, les autres continuent d’exercer à ce jour.
En tout état de cause, les chrétiens de la communauté protestante de la wilaya de Béjaïa considèrent que c’est une mesure répressive et arbitraire, et contraire donc à l’exercice libre du culte garanti par la Constitution, puisque les sept églises dont il est question sont agréées.
Publié début mai, le rapport Merci d’avoir ce post ! Retrouvez toute l’actualité du Post sur Facebook
Annuel sur les droits de l’Homme d’Amnesty international concernant l’Algérie avait dénoncé les agressions et autres formes d’attaques contre la liberté de culte sur l’ensemble du territoire algérien. L’organisation avait épinglé le manque de tolérance en mettant l’accent sur les attaques dont font l’objet les églises protestantes. Le rapport fait également état des poursuites judiciaires contre les nouveaux convertis ainsi que des ordres de fermeture des lieux de culte non musulmans.