La fièvre des deals s’empare du Maroc

Effet de mode ou réelle mine d’or longtemps méconnue ? Le business du deal s’empare du marché comme un feu d’un champ d’herbes sèches. Très rapidement, des dizaines de sites voient le jour. Même principe proposé, même mode de fonctionnement et des designs très similaires… C’est à en oublier les noms.

Il n’est pas étonnant, au Maroc, qu’un principe qui cartonne se voit dupliqué à l’infini. Le phénomène des sites de deals ou coupons de remise est donc à considérer comme signe de bonne santé de ce marché, jusque là, inexploré. Mais y a-t-il vraiment autant de bonnes affaires pour alimenter tous ces sites ?

Deal…emme : lequel choisir ?

Peu importe quel site a ouvert le bal, la piste grouille de monde. Une technologie, à la base importée de dealissime.com, a séduit instantanément. Les importantes marges de remises et la proposition de produits à tarifs, jusque là, invariables a décidé aussi bien clients, vendeurs qu’entrepreneurs 2.0 qui se sont lancés à pieds joints dans le business du deal.

Mis à part quelques légères différences de design, tous les sites fonctionnent de la même façon et accusent les mêmes défauts, à savoir une navigation pas très souple, une plateforme de communication communautaire réduite et une procédure d’enregistrement encore compliquée.

Le Maroc étant novice en e-commerce, le paiement par carte bancaire ne rassure pas non plus, malgré les promesses de la sécurité des paiements. « Une fois le deal avait expiré alors que j’avais payé. Figurez-vous que je n’ai pas été remboursé. On m’a dit que ça sera soustrait de mon futur deal. Ce n’est pas une grosse somme mais je n’ai pas du tout apprécié », raconte un client mécontent.

Pour y remédier, des modes de paiement différents sont  proposés. Des locaux dédiés au règlement par espèce ou des partenariats avec des entreprises de transfert d’argent sont mis en place pour mettre le client en confiance. Là non plus, la procédure n’est pas forcément facile, mais le client est davantage rassuré quant à son argent.

Qu’est-ce que ça vaut ?

Faut-il faire toute une enquête pour se rendre à l’évidence ? Le deal est loin d’être aussi alléchant qu’il n’y paraît. Sur les sites ou sur les pages facebook des sites en questions, des réclamations sont lisibles, jusque là sans censure.

Presque toutes se plaignent de disparité de qualité entre le produit décrit et celui reçu. Des séjours en hôtel où de gros suppléments doivent être versés, des sushis pas frais, des résultats esthétiques insatisfaisants et des intoxications alimentaires. L’affaire n’est pas toujours bonne.

« L’opticienne citée dans le site de deal m’a offert de me vendre au prix du deal sans avancer de bon. C’est à se demander s’il y a vraiment bonne affaire ! », s’exclame une jeune cliente. En effet, le non respect du principe par les vendeurs atteint à la crédibilité du site. Même s’il suffit des fois de regarder les vrais tarifs directement sur le site du prestataire pour se rendre à l’évidence que les 50% et les 70% de remise sont chimériques.

Meriem, kinésithérapeute qui vient d’inaugurer son cabinet, a joué le jeu. « Une consultation + massage à 135 DH, au lieu de 400, c’est une très bonne affaire, moi je dis », plaisante-t-elle avant de continuer plus sérieusement «  je viens de me lancer dans le privé. Pour moi le deal c’est surtout pour me faire connaître. Alors 135 DH c’est une sorte de pub, le temps que je récupère quelques habitués. Sans cela, je n’aurais pas de patients ».

Ce qui en déçoit plus d’un, c’est que l’on s’attendait surtout à ce que les sites de deal présentent, à des prix sacrifiés, une gamme de produits de luxe. Mais force est de constater que ce sont les produits de moyenne gamme, pour ne pas dire bas de gamme, qui se bousculent au portillon.

Cela dit, ces sites ont le mérite de présenter un large choix de produits aux prix accessibles qui, même sans promotion aucune, peuvent être une bonne affaire. Ils gagneraient par contre à miser sur la qualité et l’honnêteté vis-à-vis des clients, s’ils ne veulent pas couler.

Fedwa Misk