La demande d’asile en France reste compliquée
Création d'un nouveau campement de migrants, démantèlement par la police de ce nouveau campement sans proposition de relogement pérenne. Voici des mois que ce scénario se répète inlassablement à Paris et notamment dans les 18e et 19e arrondissements. Alors qu'un énième campement se forme entre les stations Jaurès et Colonel Fabien (19e), la coordination française pour le droit d'asile (CFDA) en profite pour pointer une nouvelle fois les contradictions émanant de la nouvelle configuration.
Double peine
La durée de vie des campements de migrants est de plus en plus courte. S'ajoutant à des conditions de vie précaires, la CFDA parle de véritable « harcèlement policier et administratif ». La réforme devant faciliter l'accession à l'asile se révèle peu efficace. Depuis novembre dernier, la nécessité de se pré-enregistrer auprès de la Plateforme d’accueil des demandeurs d’asile (PADA), difficilement accessible, allonge les délais et prolonge donc l'irrégularité du séjour des demandeurs. « Cette situation est la conséquence directe des dysfonctionnements récurrents dans l’accès à la procédure d’asile en Île-de-France » indique la CFDA. Les demandeurs d'asile, arrêtés dans des campements, se voient souvent notifier des ordres quitter le territoire. Une situation loin de coller au discours d'accueil des migrants largement diffusé en fin 2015 en France et en Europe.
Pas de places
Accueillir, oui, encore faut-il s'en donner les moyens. Aujourd’hui il semblerait que le développement des CADA (centres d’accueil pour demandeurs d’asile) ne soit pas suffisant face à l'affluence des demandes : « Depuis de très nombreuses années, les autorités ont elles-mêmes organisé leur retard en maintenant une offre d’hébergement bien inférieure aux besoins. En dépit de créations importantes de places d’hébergement (+20 000 places en deux ans), les capacités demeurent insuffisantes » selon la CFDA. Début 2016, si la Ville de Paris a annoncé la création prochaine d’un centre d’accueil « aux normes de l’ONU », ça ne l'empêche pas de continuer sa politique de démantèlement des campements. La France doit encore s'améliorer en terme d'accueil et d’hébergement des demandeurs d'asile, malgré une réforme qui était porteuse de nombreux espoirs.
Ferdinand Duhamel