L’Algérie sera-t-elle l’exception du Maghreb islamique en marche ?
Le Maghreb islamique se dessine à grand traits ! A la suite des « nahdhaouis » en Tunisie, les islamistes « light » du Parti pour la justice et le développement (PJD) viennent de remporter les élections législatives marocaines du 24 novembre, en attendant de voir la Libye post-Kadhafi tomber, elle aussi, dans l’escarcelle islamiste. L’Algérie qui a ouvert les portes de son gouvernement aux islamistes du Mouvement de la société de la paix (MSP) il y a de cela une quinzaine d’années, sera-t-elle épargnée par cette vague islamiste qui balaie la région ?
Le ministre algérien des affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamellah, un dirigeant du RND d’Ahmed Ouyahia, n’a pas l’ombre d’un doute : l’Algérie qui a tourné le dos au printemps arabe ne suivra pas l’exemple de la Tunisie et du Maroc. Se confiant au journal électronique TSA, ce membre du gouvernement assène, sûr de lui : « Les islamistes algériens devront patienter encore longtemps avant de diriger le pays ».
D’où tire-t-il cette conviction ? De l’effritement de la mouvance islamiste. « La mouvance islamiste (algérienne) est représentée par plusieurs partis et aucune de ces formations n’est capable de décrocher une majorité, même relative », explique-t-il.
Approché par le journal arabophone Echourouk, l’ancien ministre de la communication Abdelaziz Rehabi a, lui aussi, écarté d’un revers de la main l’hypothèse de voir les islamistes arriver au pouvoir.
Il fonde son analyse sur l’effritement de la mouvance islamiste, mais aussi sur le désastre de l’expérience de l’ex-FIS (Front islamique du salut) qui, après l’annulation des élections de décembre 1991, a versé dans la violence.
Pour lui, certains partis islamistes, dans une allusion au MSP d’Aboudjerra Soltani, ont perdu leur identité islamiste avec leur entrée dans le gouvernement et d’autres se complaisent dans une opposition stérile sans proposer la moindre alternative.
Sévère, M. Rehabi estime que le discours et le programme de certaines formations islamistes ne différent en rien de ceux des autres partis.
Il faut dire que cette atomisation sur laquelle misent certains pour s’épargner une victoire des islamistes aux prochaines élections n’est pas le propre du mouvement islamiste. Les démocrates comme le courant conservateur mené par le FLN sont tout aussi divisés.
Autre chose. Jusqu’ici, la représentation nationale obéit à la logique des quotas. Maître du jeu électoral, le pouvoir décrète des majorités préfabriquées et factices au mépris des suffrages des Algériens.
Or, depuis le printemps arabe, la donne a changé : les régimes en place n’ont plus la latitude de frauder à leur guise et de décider ainsi de l’issue d’une élection.
Les prochaines élections législatives, à n’en point douter, ne seront pas comme les précédentes. D’ores et déjà, l’UE fait des pressions sur Alger pour accepter la venue en nombre d’observateurs internationaux.
Les islamistes en sortiront-ils vainqueurs ? Certes, il est très tôt pour faire un quelconque pronostic, mais un tel scénario n’est pas une vue de l’esprit. Loin s’en faut.