L’accusé de l’attentat d’Argana : «Je n’ai jamais vu Marrakech ! »

  Adil El Athmani nie toute implication dans les attentats meurtriers d’Argana qui ont fait 17 morts et 21 blessés. Lors de son dernier procès à la cour d’appel de Salé, hier (jeudi 22 septembre), l’accusé a déclaré n’avoir même jamais mis les pieds à Marrakech, de toute sa vie.

28 avril dernier, la place de « Jamaa El Fna » à Marrakech avait été la scène d’un horrible attentat, ayant fait 17 morts et 21 blessés au mythique café d’Argana. Aussitôt arrêté, l’accusé principal avouait son crime et dénonçait ses complices. Mais l’affaire vient de prendre  une tournure nouvelle avec le changement des déclarations du présumé coupable.

Ayant préalablement affiché un flegme surprenant pendant la reconstitution du crime, Adil El-Athmani s’est rétracté, lors du procès du 18 août, en clamant son innocence  devant l’assistance et en réclamant “l’intervention du roi”. Hier, encore tout à fait désorienté, pâle et amaigri, il a assuré qu’il avait avoué son crime sous la menace et la torture.

Le jeune homme qui avait défilé devant les caméras avec un sourire provocateur, avance maintenant avoir subi deux semaines de tortures pour lui arracher ces aveux qu’il n’aurait même pas lus ! Il nie en bloc tous les faits, alors qu’il avait déclaré auparavant qu’il n’hésiterait pas un seul instant à rééditer son crime. Ainsi, il ne reconnait plus aucun accusé, à part Hakim Addah qu’il a connu en Libye.

Il nie avoir visité des sites web djihadistes ou pris connaissance d’un quelconque projet terroriste. Athmani assure également n’avoir aucune connaissance en matière de fabrication d’explosifs. A la grande surprise de l’assistance et de son propre avocat, il assure même n’avoir jamais mis les pieds à Marrakech.

« L’auteur présumé est fortement imprégné de l’idéologie jihadiste et exprime ouvertement son allégeance pour Al-Qaïda », accusait le communiqué du ministre de l’Intérieur. Avec deux autres suspects, Abdou Samad et Hakim, il avait « tenté de rejoindre l’Irak via la Libye en mai 2008, mais ils ont été arrêtés par les autorités libyennes et expulsés vers le Maroc ». Arrêté également au Portugal en 2004, puis en Syrie en 2007, Adil assure actuellement que ces tentatives étaient de simples projets d’immigration clandestine.

Un Non contagieux

A tous les chefs d’accusation, le non est unanime. Les 8 autres accusés de l’affaire parlent également d’aveux sous la menace et se joignent à Adil El Athmani pour appeler à l’aide. L’avocat de l’un des suspects a d’ailleurs demandé l’annulation de toute la procédure judiciaire pour vice de forme, avançant que « il y a eu des menaces et des pressions sur les suspects. Les aveux ont été extorqués sous la torture et il y a un manque de transparence ».

Les chefs d’accusations sont très lourds dans cette affaire et portent sur la formation d’un gang pour préparer et commettre des actes terroristes, sur les attaques délibérées portées à la vie des gens et à leur sécurité, puis sur la fabrication, le transfert et l’utilisation d’explosifs contrairement à la loi et ce dans le cadre d’un projet collectif visant à nuire à l’ordre public par l’intimidation.

Le prochain procès se tient le 29 septembre. L’issue de cette affaire est espérée pour très bientôt, aussi bien par les concernés directs que par les observateurs civils, dont les marrakchis qui ont vu les recettes du tourisme chuter considérablement à la suite de cette tragique affaire.

Fedwa Misk