Kamel Hamza : Nous voulons créer un pont entre la France et le Qatar

 Kamel Hamza : Nous voulons créer un pont entre la France et le Qatar

Dix élus

Kamel Hamza est élu UMP à la Courneuve et président de l’ANELD (association nationale des élus locaux à la diversité). Après les États-Unis cet été, dix élus sont allés au Qatar pour vendre la banlieue et ses talents. Entretien.

 

LCDA : Pouvez-vous nous présenter votre association, l’ANELD ?

Kamel Hamza : Nous avons créé l’association en 2008 juste après l’élection de Barack Obama aux Etats-Unis. Le but était de défendre la question de la diversité et de relancer la promotion des chances.

Au sein de l’ANELD, il y a 250 élus locaux de toutes sensibilités politiques qui se sont réunis afin d’être une véritable force de proposition. Pour la majorité, ils viennent d’Ile de France, mais il y a aussi des élus de Marseille, notre but étant de créer une antenne dans chaque grande ville de province.

L’objectif est simple, promouvoir la diversité et aider les jeunes diplômés qui, victimes de discrimination, ne trouvent pas d’emploi. Nous soutenons également les entrepreneurs qui ont de bonnes idées mais à qui l’on ne donne pas les moyens pour les concrétiser.

 

Vous revenez tout juste d’un voyage au Qatar. Pourquoi êtes-vous partis là-bas ?

Nous sommes partis là-bas discuter des perspectives d’avenir pour les jeunes issus de la diversité. Le Qatar a marqué les esprits en France. Zidane, tout d’abord, mais c’est surtout l’arrivée des investisseurs Qataris au PSG qui a changé la donne. Depuis qu’ils sont là, le PSG marche mieux, ils font rêver les gens.

L’influence dans les quartiers est énorme. Beaucoup de gens sont venus nous voir pour nous demander s’ils pouvaient trouver du travail ou investir là-bas.

Partant de ce fait, et au vu de la situation difficile que traverse le pays, nous sommes allés à la rencontre de l’ambassadeur du Qatar en France. Nous l’avons tout de suite senti sensible à la situation des jeunes originaires du Maghreb qui peinent à trouver du travail malgré leurs compétences.

Avant de partir, nous avons fait une réunion où nous avons sélectionné une trentaine de CV et une dizaine de projets d’entrepreneurs dans des domaines ciblés, pour le moment, comme le gaz, le pétrole ou l’informatique.

À notre arrivée, le premier ministre et l’émir nous ont reçus. On a ensuite déjeuné avec l’émir durant 2 heures. Nous lui avons dit que nous voulions mettre en place un pont franco-qatari. Il s’est montré intéressé, mais il veut d’abord du concret.

 

Du 11 au 18 juillet, une délégation de l’ANELD est allée aux États-Unis, dans quel but ?

Nous voulions faire un focus sur les minorités américaines. Il y a 46 ans, Rosa Parks ne pouvait pas monter dans un bus, aujourd’hui, ils ont un président de couleur. On voulait essayer de comprendre et s’appuyer sur ce qui avait été fait là-bas.

Nous avons analysé les programmes mis en place par les entreprises ou les pouvoirs publics pour faire émerger des jeunes issus de la diversité. À notre retour, une première étape nous est apparue essentielle : mettre en place des statistiques ethniques. Un préalable obligatoire à une politique de discrimination positive.

Nous avons fait un tract pour qu’un maximum d’élus nous soutienne et là, nous lançons une grande pétition à travers le pays.

 

Quel regard portez-vous sur la discrimination en France, et quels sont les projets à venir de l’association ?

Nous voulons organiser, avant le premier tour des élections présidentielles de 2012, le premier forum mondial des élus locaux de la diversité. Nous aimerions aussi débloquer quelques deniers pour monter un fond d’investissement dédié aux quartiers. Nous voulons aider ceux qui veulent créer leur entreprise, quand les banques leur ferment les portes.

En France, la discrimination est encore bien présente. Les entreprises ont sensibilisé à la diversité, mais la réalité n’est pas rose. Une dizaine de personnes ont été embauchées, mais beaucoup n’ont jamais réussi à trouver un emploi.

Il faut mettre en place une politique sur le long terme. Nous ne connaissons même pas le nombre de personnes issues de la diversité employées dans les entreprises. Nous le demandons mais on ne nous répond jamais. Il faut faire un état des lieux. Le pays a cette population qui est une véritable richesse. La double culture est un atout, il faut la mettre en avant.

 

Propos recueillis par Jonathan Ardines