Journées historiques en Tunisie

On y est ! La date fatidique du 20 octobre marque le début du vote des Tunisiens à l’étranger pour le scrutin historique de la Constituante. C’est l’Australie et sa petite communauté tunisienne qui fut la première à ouvrir le bal hier. A Tunis, le Courrier de l’Atlas a sillonné les quatre coins de la capitale et a pu sonder un climat ambiant électrique et festif à la fois.

La Tunisie retient son souffle. C’est l’impression que l’on a en parcourant l’Avenue Habib Bourguiba ce matin, ce haut lieu symbolique de la Révolution où tout a commencé. Les nombreux cafés de la Place rebaptisée Place du 14 janvier se sont mus en lieux de débats politiques souvent passionnés. Une exaltation palpable, de celles propres aux grands rendez-vous de l’Histoire, était dans l’air.

Un événement à portée planétaire

A la vue des innombrables médias internationaux présents, postant les trépieds de leurs caméras un peu partout et interrogeant de simples passants, on comprend à quel point l’évènement des premières élections libres et indépendantes du pays a une portée planétaire.

Le désir d’engagement citoyen est tout aussi perceptible : cela faisait longtemps que les Tunisiens n’avaient pas autant exprimé leur amour du pays, si spontanément exprimé par l’omniprésence des drapeaux, tenus comme une évidence, ou encore portés en guise de tunique patriotique.

Tous expriment une même volonté partagée de réussir la transition vers la démocratie. Beaucoup ont conscience du fait que son apprentissage sera encore long, à en croire les nombreuses analyses de ce que certains appellent désormais les « 10 millions de politiciens », référence aux joutes verbales politiques devenues nouveau sport national.

Les élections, un rendez-vous historique pour les Tunisiens

Le vote a déjà commencé, tôt ce matin, dans les consulats à l’étranger. A Madrid, le premier tunisien à se présenter au bureau de vote à 07h30 heure locale avait parcouru pas moins de 500 km pour exercer ce droit longtemps bafoué d’une façon ou d’une autre. D’où la vive émotion que suscite déjà son V de la victoire sur une photo qui fait déjà le tour du web.

Quant au Consulat général de Tunisie à Paris, une affluence record a été enregistrée à Rue Lübeck où on a frôlé la bousculade devant les portiques.

Un engouement de bon augure quant au taux de participation selon Kamel Jandoubi présent en France aujourd’hui, signe de l’importance du vote dans le pays comptant le plus grand nombre de ressortissants tunisiens dans le monde, et deux tiers des 900.000 votants à l’étranger.

Tout porte à croire aujourd’hui qu’une fois encore les Tunisiens répondront présents à l’appel de l’Histoire, en tenant à écrire la leur eux-mêmes, n’en déplaise aux autres chancelleries du monde arabe qui tremblent à l’idée que ce sont les urnes qui décideront du sort de ce peuple, plus que jamais avant-gardiste.

Seif Soudani