France. Youssef Ksiyer, une graine de talent

 France. Youssef Ksiyer, une graine de talent

Pas question de céder aux sirènes de l’humour potache et des clichés


Vainqueur de la scène ouverte lors du dernier festival du rire de Marrakech, Youssef Ksiyer s’est produit ce week-end avec la troupe du Jamel Comedy Club. À 28 ans, le jeune homme originaire de Casablanca ne manque pas d’ambition.




 


« J’adore faire rire depuis tout petit », nous confiera Youssef Ksiyer samedi soir après avoir engrangé les applaudissements sur la scène du Jamel Comedy Club. Vainqueur l’an dernier au Marrakech du rire, Youssef a été invité cette année pour jouer avec la troupe. « Une belle opportunité » pour ce jeune Marocain qui a tout lâché pour se diriger vers le stand-up.


Même s’il a toujours fait du théâtre, Youssef suit un parcours classique. Après une scolarité réussie dans un lycée de Casablanca, il intègre une prestigieuse école supérieure de business et marketing. Peu de temps après sa sortie, il se retrouve responsable marketing chez Yamaha dans sa ville natale. Une belle place certes mais pas une vocation. « J’ai décidé de tout abandonner et de me consacrer uniquement à la comédie. Je ne pouvais plus continuer mon boulot en parallèle ».


Du jour au lendemain, il se retrouve jeune premier. Youssef travaille à l’écriture de ses sketchs et arpente les festivals. « J’y croyais, ça commençait à bouger au Maroc ». L’an dernier, il participe aux scènes ouvertes du festival de Marrakech. Un lieu voulu par Jamel qui permet aux jeunes talents de se faire connaître : « Je ne venais pas pour gagner, je voulais juste faire rire et rencontrer du monde ».


Quelques jours passent et il reçoit un coup de téléphone : « Tu as gagné ». Un coup de boost qui le pousse à peaufiner l’écriture de ses sketchs. Un an plus tard, le voilà sur les planches du Comedy Club, dans le théâtre de son idole. « Je suis fan de Jamel comme tout bon Marocain qui se respecte », sourit-il.


 


 « J’aime écrire sur les sujets d’actualité »


Venu voir la « réalité du spectacle », Youssef en ressort enchanté. « Satisfait de son début de succès », l’humoriste de Casa n’a pas changé ses habitudes en montant dans la capitale. Pas question de céder aux sirènes de l’humour potache et des clichés. Youssef « aime faire rire et réfléchir » sur des sujets d’actualité. Comme l’écologie, un thème qui lui tient à cœur. « Un sujet important qui va durer dans le temps. Je la traite d’un point de vu africain, là où rien n’est fait pour lutter contre la pollution ».


Ce comédien-auteur « aimerait » beaucoup faire un film. Produire pour pouvoir mettre en avant les sujets qui le passionnent. Il travaille actuellement avec Driss et Mehdi, « deux superstars au Maroc », les vainqueurs de Comédia, une émission très suivie là-bas. Tous les trois écrivent depuis plusieurs mois un scénario qui verra peut-être le jour l’an prochain.


Pendant ce temps, Youssef continue de peaufiner son spectacle. Il espère le présenter l’an prochain à Marrakech et pourquoi pas sur la scène du Comedy Club.


 


« Pour avoir de la notoriété au Maroc, il faut passer par la case TV »


Même si Youssef vit « un kif » en jouant sur Paris, rien n’est gagné pour ce comique prometteur. Chez lui, il écrit pour la TV et pour des publicités. Un bon moyen de gagner sa croûte.


Auteur francophone, il peine à trouver son public au Maroc. « Pour avoir de la notoriété là-bas, il faut passer par la case TV ». Problème pour lui, les chaînes nationales privilégient les émissions et sketchs en arabe. « Une petite communauté commence à s’intéresser à ce que je fais », affirme tout de même l’humoriste.


À Paris, Youssef se fascine pour « ces gens qui consomment du spectacle ». Plein d’espoir, il croit que cette dynamique peut prendre au Maroc. « Il faut prendre exemple sur Paris ». Bien décidé à professionnaliser la scène marocaine et à offrir au public des « choses de qualité », Youssef pense que la création d’un lieu comme le Comedy Club pourrait servir de « locomotive ». « Le besoin est là aujourd’hui. Le samedi, on peut faire quoi ? Aller au restaurant, au cinéma, pourquoi pas au théâtre ? », s’interroge-t-il.


Ce fan inconditionnel de la scène stand-up américaine voudrait un jour faire ses preuves de l’autre côté de l’atlantique. Youssef est un gros travailleur qui y croit dur comme fer. « Jamel, Gad, Fellag l’ont fait, nous aussi on peut y arriver ! ».


Jonathan Ardines