France. Une révision de la circulaire du 31 mai qui ne convainc pas
Mercredi soir, après une longue réunion en présence des responsables des universités et des grandes écoles françaises, un communiqué des ministères de l’Intérieur, du Travail et de l’Enseignement supérieur est tombé.
La semaine prochaine sera adressée aux préfets « une circulaire complémentaire, donnant les orientations applicables à la situation spécifique des diplômés étrangers hautement qualifiés, de niveau au moins égal au master 2 (bac+5), qui souhaitent acquérir en France une première expérience professionnelle, conformément à la loi en vigueur ».
Il est ensuite précisé que le texte « invitera les préfets à faire en sorte que la nécessaire maîtrise de l’immigration professionnelle ne se fasse pas au détriment de l’attractivité du système d’enseignement supérieur, ni des besoins de certaines de nos entreprises en compétences spécifiques de haut niveau ».
Une modification du texte initial qui demandait aux préfets de privilégier les demandeurs d’emploi résidant dans le pays au détriment des étudiants étrangers. Beaucoup n’avaient pu être recrutés et s’étaient retrouvés en situation irrégulière.
Une centaine de personnes, dont le prix Nobel de physique Albert Fert, avaient lancé une pétition demandant le « retrait » de la circulaire. Au bout de deux semaines, elle compte 30 000 signataires.
Même à droite, on s’était insurgé contre cette circulaire. Charles Givadinovitch, secrétaire national de l’UMP chargé de la lutte contre la précarité et la pauvreté, avait réclamé à Claude Guéant de la supprimer.
Nicolas Sarkozy a finalement tranché et demandé à Claude Guéant le 23 décembre de présenter un nouveau texte.
« La circulaire doit être retirée »
Les conditions de délivrance des permis de travail seront assouplies pour les étudiants les plus qualifiés. Ceux qui n’auront qu’une licence ou qui ne sortiront pas des plus grandes écoles seront pénalisés.
Alexandre Rigal, directeur exécutif de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs a salué un texte qui va « dans le bon sens car il répond aux besoins des entreprises et précise deux dispositifs : l’autorisation provisoire de séjour et le changement de statut des étudiants ».
Le Collectif du 31 mai ne se satisfait pas de cette modification. Fatma Chouaïeb, porte-parole du Collectif a immédiatement réagit : « Les principaux concernés n’ont pas été représentés à la réunion et nous le regrettons. L’enjeu crucial du nouveau texte concerne les critères d’appréciation et nous demandons des critères claires qui ne laissent pas place à l’arbitraire ».
Pour elle, le mal est déjà fait, « Nous avons recensé plus de 1 000 cas, les dégâts créés sont bien trop importants. Donc, on demande encore le retrait de la circulaire, le retour à la situation d’avant le 31 mai ».
Dans son communiqué, le gouvernement a précisé que les étudiants étrangers prioritaires seront ceux qui auront « une compétence spécifique recherchée » comme « la connaissance approfondie d’un pays ou d’une culture étrangère ».
Bertrand Monthubert (PS), un des initiateurs de la pétition est monté au créneau hier en conférence de presse, « Que veut dire « compétence spécifique » ? Parfois les étudiants ne connaissent pas leur pays d’origine. La nouvelle circulaire ne règle donc pas la situation, on reste dans l’arbitraire ».
Il a annoncé que le mardi 10 janvier, des signataires de cette pétition allaient organiser « une séance publique de parrainage » d’étudiants en difficulté.
L’UNEF, la première organisation étudiante a aussi demandé « l’abrogation de la circulaire Guéant » car, selon eux, « le nouveau texte fait beaucoup de bruit pour des évolutions mineures ». L’organisation va mobiliser dans les universités pour obtenir le retrait de la circulaire.
Alain Claeys, responsable du supérieur dans l’équipe de campagne de François Hollande n’a pas mâché ses mots, « Cette circulaire est devenue pour des millions d’étudiants étrangers le symbole d’une France qui ne souhaite plus les attirer sur son sol. C’est pour cette raison que le texte n’a pas besoin d’être rapiécé, mais supprimé ».
Le bras de fer n’est pas terminé.
Jonathan Ardines