France. Une journée d’investiture sans fin pour François Hollande

 France. Une journée d’investiture sans fin pour François Hollande

Passation de pouvoir dans une ambiance relativement fraiche entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Martin Bureau / AFP


Pour sa journée de prise de fonction, François Hollande aura mouillé la chemise, au propre comme au figuré. De son entrée à l’Élysée à sa conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande, le nouveau Chef de l’État n’a pas ménagé sa peine pour imposer un style présidentiel sobre, mais toujours proche des Français.


 


Rapide passation de pouvoir


Dès 8 heures du matin, tout était prêt dans la cour de l’Élysée pour l’accueil du nouveau président. Celui-ci arrive seul dans sa désormais célèbre citroën DS5 hybride à 10 heures, soit quelques minutes après sa compagne Valérie Trierweiler. Commence alors une longue journée pour François Hollande, qui aura de bout en bout tenu à imposer son horaire, quitte parfois à faire attendre ses invités et à surprendre son service de sécurité.


L’entretien entre les deux présidents aura duré environ 40 minutes avant que les couples se saluent sur le perron et prennent rapidement congé. Le nouveau président regagne le palais alors que Nicolas Sarkozy n’a pas encore quitté la cour d’honneur.


C’est sous les applaudissements du personnel du palais, mais la mine sombre que le président sortant a gagné sa voiture, contrastant avec le sourire de celle qui est désormais l’ex-première dame. De nombreux militants UMP sont rassemblés devant l’Élysée en soutien à Nicolas Sarkozy, lui évitant ainsi la sortie sous les huées qu’avait vécue Valéry Giscard d’Estaing en 1981.


 


Une cérémonie protocolaire d’investiture millimétrée


Dans la salle des fêtes de l’Élysée se déroule ensuite la cérémonie protocolaire avec la proclamation des résultats par le président du Conseil constitutionnel et la signature par François Hollande du procès-verbal d’investiture. Il reçoit ensuite le grand collier de la Légion d’honneur du chef d’état-major des armées.


Lors d’une allocution sobre, le Chef de l’État a tenu à adresser un « message de confiance aux Français » pour faire face à la dette massive et à la faible croissance européenne. Ils disposent selon lui d’atouts et de forces, notamment la jeunesse.


Il se démarque une nouvelle fois de son prédécesseur en assurant qu’il ne décidera pas « de tout, pour tout et partout » et qu’il exercera son rôle « avec dignité et simplicité ». Rendant hommage à tous ses prédécesseurs de la 5e République, il n’aura que ses « meilleurs vœux pour la nouvelle vie qui s’ouvre devant lui » à présenter à Nicolas Sarkozy. Un manque d’égards vivement critiqué à droite.


Parmi les 400 invités figurent naturellement de nombreux ténors du parti socialiste, à l’exception de Ségolène Royal. Des représentants de la société civile ont également assisté à la cérémonie, dont des syndicalistes, des journalistes, des artistes et des scientifiques.


Les honneurs militaires font également partie du protocole. Le Chef de l’État fraîchement investi passe ainsi en revue des détachements des trois armes dans la cour de l’Élysée, pendant qu’aux Invalides 21 coups de canon (à blanc) sont tirés. François Hollande ira aussi rendre un hommage aux soldats morts pour la France en ravivant la flamme de la tombe du Soldat inconnu sous l’Arc de triomphe au son de la Marseillaise.


En remontant l’avenue des Champs Élysées à bord de sa DS5, François Hollande n’hésite pas à braver la pluie pour saluer par le toit ouvrant la foule venue l’acclamer. Tout au long de son parcours de la journée, il a fait fi des averses en prenant plusieurs fois le temps d’aller saluer la foule toujours présente en nombre.


 


Un après-midi chargé


Peu après midi, le président est retourné au palais de l’Élysée où était prévu un déjeuner restreint. Celui-ci s’est tenu en compagnie du président du Sénat Jean-Pierre Bel et des anciens premiers ministres socialistes et de leurs conjoints : Édith Cresson, Pierre Mauroy, Laurent Fabius et Lionel Jospin.


Le couple présidentiel a ensuite pris la direction du jardin des Tuileries. Dans son allocution en hommage à Jules Ferry, François Hollande a salué le père de l’école obligatoire, gratuite et laïque. Il a fait taire la polémique en reconnaissant que « toute grandeur a ses faiblesses et tout homme est faillible ». Il voit ainsi une « faute morale et politique » dans la défense de la colonisation par Jules Ferry. Il a réitéré à cette occasion sa promesse de recruter 60 000 personnels de l’Éducation nationale durant son mandat, ainsi que le rétablissement de la formation des professeurs des écoles.


Le deuxième hommage de la journée fut encore pour une figure de la connaissance, thème cher au nouveau président. Toujours sous une pluie battante, il est allé saluer la mémoire de Marie Curie à l’institut du même nom. Il a reconnu en la double prix Nobel une icône de la femme moderne, de l’immigration réussie et de l’excellence française.


À l’Hôtel de Ville, une autre cérémonie officielle attendait François Hollande, qui devait notamment signer le parchemin attestant son passage le jour de son investiture. Dans le même temps, un communiqué annonçait que Pierre René Lemas était nommé secrétaire général de l’Élysée. Celui-ci annoncera vers 17 heures que Jean-Marc Ayrault est désigné comme Premier ministre au moment où le Chef de l’État se dirige vers la base aérienne de Villacoublay pour décoller en direction de Berlin où Angela Merkel l’attend de pied ferme.


 


Rached Cherif