France. Toulouse, une tragédie insupportable

 France. Toulouse, une tragédie insupportable

Hier soir lundi à Paris


La tragédie qui a eu lieu hier lundi à Toulouse semble être le fait d’un déséquilibré. L’arme qui a abattu un professeur et trois enfants juifs serait la même que celle qui a tué trois soldats dont deux d’origine maghrébine. Selon un politologue français, la campagne présidentielle ne sera plus « la même » après ce drame. (Photo AFP)




 


Tristesse. Désarroi. Incompréhension. Tout le monde était sous le choc après la tuerie de Toulouse qui a coûté la vie à 4 personnes, dont trois enfants. Hier soir lundi à Paris, environ 4 500 personnes se sont réunies lors d’une marche silencieuse.


Ce drame, sans doute l’œuvre d’un déséquilibré, ne peut pas encore être qualifié d’ « antisémite » même si de nombreux politiques le désignent ainsi. Le meurtrier n’a pas encore été interpellé, et surtout, son arme a été identifiée comme ayant servi à abattre trois soldats à Toulouse le 11 mars et Montauban le 15 mars. Un antillais et deux militaires de confession musulmane.


 


La campagne s’arrête


Tous les candidats ont décidé unanimement de laisser pendant quelques jours la campagne présidentielle au second plan. François Hollande, François Bayrou et Nicolas Sarkozy ont effectué le déplacement à Toulouse alors que les autres candidats ont exprimé leur indignation. Marine Le Pen a annulé sa participation à « Mots croisés » sur France 2 par « compassion et par solidarité ».


Une minute de silence sera respectée aujourd’hui dans toutes les écoles de France à la demande du chef de l’État. Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il suspendait sa participation à la campagne jusqu’au mercredi 21 mars, date de la cérémonie d’hommage aux trois soldats tués.


Hier soir lundi, les ennemis politiques étaient réunis dans une synagogue parisienne. Nicolas Sarkozy, François Hollande mais aussi Eva Joly ont rendu hommage aux victimes.


 


« Un acte criminel indescriptible »


Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohamed Moussaoui a fait part hier de son horreur « devant cet acte criminel indescriptible ».


Le Collectif des Musulmans de France (CMF) a déclaré se joindre « à la douleur des familles des victimes de cette série de violences infâmes et leur exprime ses condoléances les plus sincères ». Ces meurtres « endeuillent l’ensemble de la communauté nationale. Cet acte mérite une condamnation sans réserve d’autant plus qu’il fait suite à l’assassinat de trois militaires la semaine dernière », rajoute le CMF.


Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France a également fait part de sa peine et de son incompréhension dans un communiqué. « J’exprime la vive indignation des catholiques de France devant cette violence aveugle qui vise des personnes sans défense ».







L’homme le plus recherché de France


La chasse à l’homme vient de débuter. Selon les premiers bruits entendus, la police soupçonne le meurtrier d’appartenir à un groupuscule néo-nazi ou islamiste, piste rapidement évoquée par le président du CRIF. Le CMF a d’ailleurs tenu à prévenir ceux qui « souhaiteraient instrumentaliser cette émotion à des fins politiciennes », sans épargner le CRIF, et qui « en s’empressant d’évoquer la piste de « l’islamisme radical », ne font que salir la mémoire des victimes ».


Malgré les quelques tensions qui subsistent entre communautés, tout le monde tire dans le même sens pour retrouver le meurtrier. La région Midi-Pyrénées vient de voir son plan Vigipirate, censé prévenir un « risque d’attentat majeur », levé au niveau écarlate, le maximum, une première en France.


Des surveillances renforcées vont être mises en place dans tous les lieux confessionnels, en particulier les établissements juifs. Le parquet antiterroriste de Paris se charge de l’enquête.


 


La campagne va être affectée


« Je suis convaincu que c’est un événement majeur qui va complètement réorienter la campagne », déclare Dominique Reynié, politologue français, au sujet de la tuerie de Toulouse.


« Ce qui a eu lieu jusqu’à présent va être quasiment effacé et une autre campagne va commencer », prévient-il avant de rajouter : « C’est un traumatisme considérable et nous sommes si près du premier tour que la société française dans son ensemble n’aura pas le temps de dépasser ce drame avant d’aller voter ».


Selon lui, le ton de la campagne devrait changer. « La campagne a été dominée par un ton extrêmement agressif et une rhétorique populiste très présente. Cette rhétorique va devoir cesser. Il va y avoir une demande d’apaisement ».


Jonathan Ardines