France, toujours plus de pauvreté
Selon les résultats de l’enquête publiée mardi 31 août par l’Insee sur les niveaux de vie en France, le nombre personnes en grande difficulté ne cesse de croître. La pauvreté touche aujourd’hui 13,5 % de la population.
Toujours plus d’inégalités
En 2009, 8,2 millions personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté estimé à 954 euros par mois, alors qu’elles étaient 7,2 millions dans cette situation en 2008. Pour Christophe Robert, directeur des études de la fondation Abbé Pierre, deux aspects de cette étude sont particulièrement inquiétants :
«D’abord, l’augmentation, en nombre, des personnes pauvres dans notre pays. On est passé au dessus de la barre des 8 millions de personnes vivant avec moins de 954 euros par mois … Alors que rappelons-le, l’objectif du gouvernement était de réduire d’un tiers en cinq ans le nombre de personnes en situation de pauvreté. Deuxième point particulièrement inquiétant : le renforcement des inégalités. L’écart entre les plus riches et les plus pauvres se creuse, l’Insee le démontre, chiffres à l’appui». L’étude constate que «Les 10 % des personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 10 410 euros tandis que pour les 10 % les plus aisées, ce niveau est d’au moins 35 840 euros, soit 3,4 fois plus».
Effet de crise
Cette hausse du nombre de personnes en grande difficulté est à imputer à la crise et donc au nombre croissant de personnes se retrouvant au chômage.
Selon l’enquête sur les revenus fiscaux et sociaux, en 2009, la moitié de la population française vivait avec moins de 19.080 euros annuels, soit 1.590 euros par mois (niveau médian), ce qui représente une augmentation de 0,4 % par rapport à 2008.
Les ménages démunis subissent de plein fouet la hausse des dépenses obligatoires, telles que le loyer, le gaz, l’électricité, l’eau, etc. Christophe Robert constate que «les statistiques sont en phase avec les signes» perçus «chaque jour : la hausse des expulsions locatives, l’incapacité du système d’hébergement d’urgence de répondre à la demande…».
De manière générale, toutes les associations du même type que la fondation Abbé Pierre sont de plus en plus sollicitées depuis deux ou trois ans et la population en demande d’aide évolue. «On a d’abord vu arriver des salariés en fin de contrat, de nouveaux chômeurs… De plus en plus de femmes seules avec enfants viennent aussi demander de l’aide. Des jeunes, en pagaille. Et depuis peu, des jeunes retraités. Ils restent peu nombreux, mais c’est un signe avant-coureur qui ne laisse présager rien de bon».
Des chiffres remis en cause
Pour Louis Maurin, fondateur de l’Observatoire des inégalités, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté en France s’élève à 4,2 millions de personnes. Cette différence s’explique par le fait que l’Insee fixe le seuil de 60 % du niveau médian alors que l’Observatoire des inégalités le fixe à 50 %.
Gypsy Allard