France – Sarkozy s’attaque aux fraudeurs

 France – Sarkozy s’attaque aux fraudeurs

Le déplacement de Nicolas Sarkosy hier Mardi à Bordeaux ressemblait à s’y méprendre à un meeting de campagne.

Le président de la République était hier mardi à Bordeaux pour y faire un discours sur la protection sociale devant un public acquis à sa cause. En pré-campagne, il a dévoilé quelques mesures et soigné son image.

« Conçu par la résistance, né avec la Libération, notre modèle social fait aujourd’hui partie de l’identité de la Nation », a clamé Nicolas Sarkozy hier à Bordeaux, devant 3 000 militants UMP.

Ce déplacement, organisé de main de maître par le ministre et maire de la ville de Gironde, Alain Juppé, ressemblait à s’y méprendre à un meeting de campagne. Attaques sur sa gauche, jets de fleurs sur sa droite, tonnerre d’applaudissements, tout était réuni.

Le chef de l’État, comme un poisson dans l’eau, en est vite venu au thème du jour, la protection sociale. « Mon devoir est d’en être le protecteur », lance-t-il en préambule.

Comme souvent, il pointe du doigt les fraudeurs, responsables de beaucoup de maux des Français selon lui : « La fraude, c’est la plus terrible et la plus insidieuse trahison de l’esprit de 1945. C’est la fraude qui mine les fondements mêmes de cette République sociale que les frères d’armes de la Résistance ont voulu bâtir pour la France et nous ont finalement léguée ».

Puis, il s’en prend à ceux qui profitent du système social : « Frauder la Sécurité sociale, c’est voler. Ce n’est pas simplement abuser du système ou profiter de ses largesses. C’est voler chacun et chacune d’entre nous, chacun et chacune d’entre vous. ».

Obligation de travail pour les bénéficiaires du RSA

Un discours en droite ligne avec les décisions annoncées plus tôt par le gouvernement. Notamment, celle de mettre un jour de carence obligatoire pour les fonctionnaires en arrêt maladie.

Toujours dans un souci de s’attaquer aux fraudeurs, le chef de l’État a annoncé une mesure dans l’air du temps depuis un moment, la proposition du député Marc-Philippe Daubresse.

Le gouvernement va instaurer « une obligation de travail de sept heures pour les bénéficiaires du RSA » dans une dizaine de départements. Des contrats uniques d’insertion de six mois renouvelables une seule fois vont être proposés (imposés ?) aux bénéficiaires.

Et pour être sûr de convaincre, il n’hésite pas à user d’images parfois limites : « Qu’on me comprenne bien, ce n’est pas pour punir, c’est au contraire pour respecter, pour redonner de la dignité ; on n’a pas de dignité quand on ne peut survivre qu’en tendant la main ».

Les applaudissements sont de plus en plus nourris dans la salle et le chef de l’État ne s’arrête pas en si bon chemin. Il lance : « Celui qui perçoit des allocations familiales alors qu’il ne réside pas sur le territoire national vole les Français ».

Pour « lutter », le président de la République a créé un Haut conseil du financement de la protection sociale qui sera chargé de réfléchir au financement de la sécurité sociale.

Dans le même esprit, il a mis en place une nouvelle instance chargée de réfléchir au financement de la sécurité sociale.

Passe d’armes avec le PS

Le président en a profité, campagne présidentielle oblige, pour attaquer le parti socialiste, « ceux qui, pendant des décennies, ont bien soigneusement dissimulé aux Français qu’ils finançaient leur système de protection sociale à coup de déficits », avant de les accuser d’avoir trahi  « l’esprit du modèle social».

Un discours qui a provoqué l’ire de ses opposants. Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris s’est d’abord moqué : « Avec M. Sarkozy, c’est travailler plus pour se soigner moins », avant de s’interroger : « Pourquoi la santé est-elle mise à l’encan, les victimes et les coupables sont toujours les malades ? C’est une drôle de pensée sociale et politique ».

Et de conclure ironiquement : « Pour s’en sortir, il cherche des boucs émissaires, les malades, les socialistes, les réformes d’hier et d’avant-hier. Tout cela n’est pas sérieux ».

Jonathan Ardines