France. Sarkozy en Libye pour un triomphe
L’Elysée aura gardé le secret jusqu’au dernier moment. Le président Sarkozy va se rendre aujourd’hui en Libye pour une visite express.
Le 1er septembre dernier, une conférence des amis de la Libye avait eu lieu à Paris. Le chef de l’Etat avait assuré qu’il s’y rendrait lorsque les autorités du Conseil National de Transition (CNT), l’organe politique de la rébellion, seraient «installées» à Tripoli. Chose faite depuis ce week-end.
Hier, 160 policiers, en majorité des CRS, tous volontaires, sont arrivés en Libye pour une mission de «sécurisation» à Tripoli. Les policiers auront la charge de sécuriser un hôtel, un hôpital et un troisième point de passage à Tripoli.
Sarko en campagne
Le président devrait être accompagné du premier ministre britannique David Cameron et de son grand ami, le philosophe Bernard-Henri Lévy. La délégation doit visiter un hôpital à Tripoli puis rencontrer les dirigeants du Conseil National de Transition (CNT), Moustapha Abdel Jalil et Mahmoud Jibril. Le président Sarkozy devrait en profiter pour faire passer un message, « sur le choix de la démocratie et le refus du péril islamiste ». Un rapide point presse devrait suivre.
Puis en clôture, les deux dirigeants s’envoleront pour Benghazi où ils tiendront un discours sur la place de la liberté. Le retour en France est prévu pour vendredi.
Cette visite ne pouvait pas mieux tomber pour M. Sarkozy. Rattrapé par l’affaire de Karachi, pointé du doigt pour les contrats signés avec Kadhafi au début de son quinquennat, il a vu son ennemi intime, Dominique de Villepin, sortir blanchi de l’affaire Clearstream.
A 7 mois de la présidentielle, le président ne se rend pas en Libye pour serrer des mains. Il a là une occasion unique de récolter tous les lauriers.
Il sait qu’il aura droit à un bain de foule, dans un pays où des affiches de lui surplombées d’un « Thanks France » fleurissent au milieu du paysage.
Les journaux de 20 heures ne pourront pas passer à côté des images de son allocution à Benghazi devant une foule en liesse.
Sans oublier les contrats pétroliers bien juteux qu’il pourrait souffler au nez et à la barbe des Américains.
Hasard du calendrier, cette visite tombe pile le jour du premier débat socialiste pour la présidentielle de 2012. Un moyen pour lui de le reléguer au second plan.
Une stratégie qu’il affectionne tout particulièrement. Le 28 juin, jour de la déclaration de candidature de Martine Aubry à la primaire socialiste, il avait occupé l’espace médiatique toute la journée avant que Christine Lagarde ne soit désignée directrice générale du FMI.
Jonathan Ardines