France. Salon de l’UOIF au Bourget : 6 prédicateurs interdits de séjour

 France. Salon de l’UOIF au Bourget : 6 prédicateurs interdits de séjour

Plusieurs prédicateurs musulmans


Ils devaient venir en France pour assister à la 29ème rencontre annuelle des musulmans de France (RAMF) mais les autorités françaises en ont décidé autrement. Selon elles, les propos de ces prédicateurs musulmans « représentent un fort risque de troubles à l’ordre public ». (Photo AFP)




 


« À la demande du président de la République, Nicolas Sarkozy, le gouvernement a décidé d’interdire l’entrée sur le territoire français de quatre personnalités étrangères invitées au congrès de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF) qui se tiendra au Bourget du 6 au 9 avril 2012 ».


Le communiqué écrit par les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères est tombé hier jeudi après-midi. Alors qu’une rencontre devait avoir lieu entre Claude Guéant et des représentants de l’UOIF, la décision a été prise. Quatre prédicateurs du monde musulman, Akrima Sabri, le théologien saoudien Ayed Bin Abdallah Al-Qarni, l’imam égyptien Safwat Al-Hijazi et Abdallah Basfar ne pourront venir assister à la 29e RAMF.


À cette liste, viennent s’ajouter les noms de Yusuf Al-Qaradawi, prédicateur vedette de la chaîne Al-Jazeera, et de Mahmoud Al-Masri qui, selon les autorités françaises « ont renoncé à venir ». Le Président Sarkozy en personne avait appelé l’Emir du Qatar pour demander qu’ Al-Qaradawi, qui dispose d’un passeport diplomatique, ne puisse pas venir en France.


 


Un discours jugé haineux


« Les positions et les propos tenus par ces personnes qui appellent à la haine et à la violence portent gravement atteinte aux principes de la République et, dans le contexte actuel, représentent un fort risque de troubles à l’ordre public », rappelle le communiqué ministériel.


Après l’affaire Merah qui a secoué le pays, tous les prédicateurs musulmans sont particulièrement surveillés. Les services de renseignements français avaient constitué plusieurs dossiers sur ces personnalités interdites de territoire.



Selon eux, le Palestinien Akrima Sabri, ancien mufti de la mosquée al-Aqsa (Jérusalem) aurait annoncé en 2008 que « des centaines de femmes sont prêtes à se sacrifier pour libérer la terre de Palestine ». Le Saoudien Ayed Ben Abdallah al-Qarni se voit reprocher d’avoir qualifié les juifs de « frères des singes et des porcs » dans son livre, La Tahzan.


L’égyptien Safwat al-Hijazi, lui, avait reconnu en 2009 sur al-Nas TV que oui, il était « antisémite et qu’il faudrait dévorer les juifs avec nos dents ». Enfin, c’est à l’occasion d’un congrès de l’UOIF en 2008 qu’Abdallah Basfar, né en Arabie saoudite, avait légitimé le fait de battre son épouse si elle n’obéissait pas à son mari.


Des propos qui peuvent être choquants mais qui ne justifient pas entièrement l’interdiction de territoire. C’est bien l’émoi provoqué par la dérive meurtrière du jeune Mohamed Merah et la tenue prochaine de l’élection présidentielle qui a précipité ces interdictions. La plupart d’entre eux évoluent depuis longtemps sur des chaînes captées dans l’Hexagone et plusieurs sont déjà venus sur le territoire français pour exposer leurs positions.


 


L’UOIF regrette cette décision


« On ne peut rien faire contre cette décision politique mais elle nous touche car elle renforce l’amalgame dans l’opinion publique », a déclaré M. Jaballah, président de l’UOIF, hier à la sortie de la réunion avec le ministre de l’Intérieur. « La communauté musulmane est blessée par cette nouvelle et elle est inquiète du climat général qui tend vers sa stigmatisation », a-t-il rajouté.


Face aux propos qu’auraient tenus chacun des prédicateurs, M. Jaballah a affirmé qu’ils seraient « connus pour leur modération et leur respect envers les autres communautés ».


Pour lui, ces interdictions « risquent d’approfondir le sentiment des musulmans de France d’être mis à l’index et traités à travers les préjugés ».


Enfin, Tariq Ramadan, dont la venue était « regrettée » par Claude Guéant, a déclaré que « cette confusion faisait le jeu du populisme propre au Front National et à une partie de l’UMP ».


Jonathan Ardines