France. Rachida Dati s’en prend encore à Fillon
Dans une tribune publiée hier lundi dans le journal Le Monde, l’ancienne garde des sceaux attaque le premier ministre avec virulence. Rachida Dati ne décolère pas de voir François Fillon venir marcher sur ses plates bandes, une « faute » impardonnable selon elle.
« Votre arrivée n’est finalement pas une bonne nouvelle. C’est une faute, une faute triste », voilà comment Rachida Dati qualifie la candidature de François Fillon dans la 2ème circonscription de Paris. Elle accuse le Premier ministre d’avoir choisi « le confort et la facilité » en se présentant sur des terres (Ve, VIe,VIIe arrondissements) acquises à la droite.
La maire du VIIe arrondissement, d’origine marocaine et issue d’un quartier populaire, accuse le Premier ministre de « casser ce que Nicolas Sarkozy a fait de mieux » en « convainquant notre électorat le plus traditionnel qu’il peut être représenté par quelqu’un qui n’a ni les mêmes origines sociales ni les mêmes origines culturelles ».
Très remontée, elle va jusqu’à comparer la manière de faire de François Fillon à celle de « Cécile Duflot », l’accusant d’être là juste pour « prendre la place ». Elle l’exhorte à « prendre des risques pour ses idées » en allant « au-devant de la diversité parisienne, là où notre famille politique a besoin de soutien ».
Dans l’Est parisien où les électeurs votent massivement à gauche, voilà ce que réclame l’Eurodéputée, « Je vous le demande solennellement, refusez la facilité, car Paris et les Parisiens aiment le courage ».
Un sondage qui met le feu aux poudres
Dans sa lettre, elle fustige cette « manière de faire de la politique qui n’a jamais favorisé la promotion des femmes (…), qui ne valorise pas le travail de terrain et les élus (…), qui est le refus du contact avec la France populaire pour ne privilégier que les élites d’appareil ».
Une manière qui conduira inéluctablement à une nouvelle défaite dans la capitale selon elle : « Je constate amèrement avec la majorité des élus parisiens de la droite et du centre que vous souhaitez, grâce à votre candidature, remettre en selle le clan qui nous a fait perdre Paris et le cœur des Parisiens et qui a ainsi favorisé la victoire de la gauche ».
Rachida Dati lance là ses dernières cartouches dans une bataille qui semble perdue d’avance. Selon un sondage paru dans le Journal du Dimanche, François Fillon obtiendrait 39% des voix dans la 2ème circonscription parisienne contre 8% pour l’ancienne garde des sceaux.
Dos au mur, elle conclut en demandant au premier ministre d’abandonner et de lui céder la place, « Vous m’avez placée, vous-même, face à mon devoir de résistance. Vous êtes le seul à posséder la solution au problème que vous avez créé ».
François Fillon qui ne veut pas polémiquer a indiqué refuser de « négocier avec quelqu’un qui m’insulte matin, midi et soir et qui m’accuse des pires complots ».
Alain Juppé n’a pas cette réserve. Dans le JDD, il fustige l’attitude de l’Eurodéputée et ne mâche pas ses mots : « Rachida Dati, c’est terrible. On lui apporte sur un plateau le poste de garde des Sceaux, l’un des plus beaux de la République. On lui donne ensuite le mandat de maire du VIIe, puis celui de députée européenne pour compenser son départ du gouvernement. Et la seule chose qu’elle trouve à faire, c’est cracher encore dans la soupe. Ces bisbilles parisiennes sont mortelles ». À six mois des élections législatives, ça sent la poudre pour la droite parisienne.
Jonathan Ardines