France – Primaire : Hollande/Aubry, le tête-à-tête
Le premier tour de la primaire socialiste a rendu son verdict. François Hollande et Martine Aubry n’ont pas fait mentir les sondages, le duel annoncé aura bien lieu. Seule véritable surprise de la soirée, la troisième place inattendue d’Arnaud Montebourg qui a largement devancé une Ségolène Royal qui n’a pas réussi à séduire.
Avec une participation estimée à 2,5 millions de citoyens, cette élection a été une réussite. Un élan démocratique qui a profité aux deux poids lourds. Le candidat des sondages, François Hollande, est arrivé en tête avec environ 39 % des suffrages. Derrière lui, Martine Aubry a récolté près de 31 % des voix.
La troisième place tant convoitée a réservé une surprise de taille. Arnaud Montebourg, le candidat de la « démondialisation » a récolté 17 %. Ségolène Royal a fait un flop. Celle qui avait mené la candidature P.S. aux élections de 2007 n’a récolté que 7 % talonnée par Manuel Valls avec un peu plus de 6 %. Jean-Michel Baylet, le candidat divers gauche ferme la marche avec à peine 1 %.
Premières réactions
François Hollande a réagi le premier, il a appelé « au rassemblement le plus large autour de ma candidature ». Malgré les résultats favorables, le député de Corrèze n’a pas semblé à l’aise. Lui qui espérait l’emporter dès le premier tour a dû déchanter. Preuve d’une certaine fébrilité, il a piqué le slogan de la maire de Lille, se présentant comme « le candidat du changement ».
L’ex-première secrétaire du P.S. a répliqué : « J’ai toujours tenu une ligne qui n’a jamais varié. Si je suis précise c’est que je veux réussir un vrai changement pour la France et pour l’Europe ».
Dans un vrai discours de campagne, Martine Aubry a pris clairement position à gauche, avant de déclarer : « Je battrai Nicolas Sarkozy en 2012 ». Arnaud Montebourg, sourire aux lèvres, a rappelé sa « détermination à poursuivre le combat » et s’est félicité de l’impact de sa « démondialisation » sur les électeurs.
Une des images fortes de la soirée, les larmes de Ségolène Royal. Celle qui avait réuni 17 millions d’électeurs derrière elle en 2007 n’a récolté que 7 % des voix. Dans un discours plein d’émotion, elle a pris « acte du résultat très décevant ».
Un second tour qui promet
Il a été le premier à se décider. Dès 22h, Manuel Valls (6 %) a appelé à voter pour François Hollande. Si cette décision conforte le député de Corrèze en tête, elle risque d’être un boulet pour lui jusqu’à dimanche. Manuel Valls, étiqueté candidat le plus « à droite » de cette élection, met un peu plus Hollande dans la posture du candidat centriste. Fort de ses 8 points d’avance et de ce ralliement, il sait que sa marge de manœuvre reste faible. Il a d’ailleurs fait des appels du pied à Arnaud Montebourg lors de son discours, disant comprendre le « besoin de renouvellement » incarné par le candidat.
Martine Aubry a du retard, mais à la différence de son adversaire, elle semble avoir davantage de cartes en main. Plus à gauche dans son discours, elle sait qu’elle a une longueur d’avance pour récupérer l’électorat de Montebourg et de Royal.
Fort d’un score qui fait de lui « le faiseur de roi », le député de Saône-et-Loire n’a pas annoncé pour quel candidat il appellerait à voter. Il doit réunir son équipe de campagne dans la journée pour décider de la stratégie à adopter. Ce lundi soir, il sera l’invité du journal de France 2.
Malgré la déception, Ségolène Royal sait qu’elle aura un rôle à jouer. Ses 7 % peuvent peser lourd dans la balance dimanche soir. Selon son entourage, elle s’exprimera dans la semaine sur son choix. Mais on a du mal à l’imaginer appeler à voter pour son ex-mari.
La semaine, entre tractations et alliances, s’annonce décisive pour les socialistes. Désigner le candidat à l’élection présidentielle sans perdre ce visage d’unité affiché durant la campagne. Les deux finalistes vont devoir éviter de s’écharper mais aussi livrer un débat digne de ce nom mercredi sur France 2. Voilà qui promet.
Jonathan Ardines