France. Parité et plusieurs nouveautés dans le premier gouvernement Ayrault
34 ministres, dont 17 femmes, voilà le nombre de membres du premier gouvernement de l’ère Hollande. Un effectif important, une absence remarquée, beaucoup de nouveaux venus et quelques ministères inédits : tour des particularités du gouvernement de Jean-Marc Ayrault.
La parité, engagement respecté
L’un des engagements les plus répétés de la campagne a été strictement respecté puisqu’elles sont 17 femmes dans un gouvernement comptant 34 membres. Parmi ces femmes, une absence de taille, celle de Martine Aubry. La première secrétaire du parti socialiste était en concurrence avec Jean-Marc Ayrault pour Matignon, elle n’aura pas accepté de lot de consolation, préférant garder la tête du parti.
La nomination de l’une de ces femmes surprend davantage que les autres : Christiane Taubira à la Justice. Cette femme de couleur et députée de Guyane a notamment signé en 2001 la loi portant son nom reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme crimes contre l’humanité. Marine Le Pen y voit pour sa part une nomination « totalement extravagante » en raison de « l’indépendantisme » et de l’absence de compétences de l’intéressée.
Marisol Touraine aux Affaires sociales et à la Santé, Geneviève Fioraso à l’Enseignement supérieur ou Nicole Bricq à l’Écologie sont quelques-unes des femmes nommées ministres par Jean-Marc Ayrault. À noter également une curieuse création qui risque d’être abondamment commentée, celle d’un ministère des Droits de la femme attribué à la Franco-Marocaine Najat Vallaud-Belkacem, qui sera également porte-parole du gouvernement.
Un effectif nombreux dû à la diversité et à l’ouverture aux alliés du PS
En ces temps de rigueur budgétaire, le chiffre de 34 ministres peut surprendre ceux qui s’attendaient à une équipe restreinte. Seulement, il fallait bien doser les attributions pour satisfaire les uns sans froisser les autres tout en s’ouvrant à la diversité.
Au sein du PS d’abord, les différents courants sont représentés. Les candidats à la primaire socialiste Laurent Fabius, Manuel Valls et Arnaud Montebourg obtiennent chacun un portefeuille. Martine Aubry et Ségolène Royal ne figurent pas dans le gouvernement, mais certains de leurs proches en font partie. Marylise Lebranchu (Réforme de l’État) et François Lamy (Ville) sont ainsi des amis de la première secrétaire du parti, tandis que Delphine Batho (ministre déléguée à la Justice) et Dominique Bertinotti (Famille) sont des proches de Ségolène Royal.
Ensuite, les alliés écologiques sont représentés par Cécile Duflot qui hérite du ministère à l’Égalité des territoires et du Logement. Ce ministère était une promesse du candidat Hollande faite à l’attention des banlieues notamment. De plus, il permet de s’allier le parti EELV en vue de la bataille des législatives à venir.
L’inflation du nombre de portefeuilles est également due à l’intégration de plusieurs membres issus de la diversité. Si Najat Vallaud-Belkacem commence à avoir une certaine notoriété, d’autres sont moins connus comme la Franco-Coréenne Fleur Pellerin (PME, Innovation et Économie numérique), la Franco-Algérienne Yamina Benguigui (Français de l’étranger et Francophonie) et le Franco-Marocain Kader Arif (Anciens combattants).
Intitulés inédits
Certains ministères ont été créés de toutes pièces avec certains intitulés surprenants. Il en est ainsi du ministère au Redressement productif attribué à Arnaud Montebourg. Il aura sans doute la mission d’insuffler une politique de réindustrialisation du pays. Le socialiste s’est d’ailleurs beaucoup impliqué sur ce sujet durant la campagne, notamment sur le dossier Lejaby.
Les ministères délégués à la Réussite éducative et à l’Économie sociale et solidaire sont d’autres innovations de ce gouvernement.
Interrogé sur le plateau de France 2, le Premier ministre a confirmé la baisse de 30 % du traitement des membres de son gouvernement. Il a également indiqué que tout ministre battu lors des prochaines élections législatives devrait quitter son poste. En attendant, l’équipe gouvernementale est convoquée demain à 15 heures pour un premier conseil des ministres au palais de l’Élysée.
Rached Cherif