France. Parité en progrès au gouvernement, mais en régression dans l’hémicycle
La France affiche depuis quelques jours un gouvernement parfaitement paritaire où les femmes ont autant de postes que les hommes. Mais, combien seront-elles à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives de juin prochain ? Il est déjà acquis que l’on sera loin de l’égalité cette fois encore.
Des candidates de moins en moins nombreuses depuis 2002
Alors que la parité est respectée pour la première fois au gouvernement, elle recule dans l’Hémicycle depuis plusieurs élections, alors même qu’elle est obligatoire depuis une loi votée 2000. Celle-ci stipule que les partis politiques sont tenus de présenter autant d’hommes que de femmes lors des différentes élections (avec un écart maximal de 2 %) sous peine de sanctions financières.
Selon le ministère de l’Intérieur, 6 591 candidats se présentent au premier tour des élections législatives le 10 juin prochain. Elles ne sont que 2 641 femmes candidates sur ce total, soit 40 % ; une part en régression par rapport à 2007. Elles étaient alors 3 177 sur 7 639 candidats, soit 41,6 %. Les candidates étaient même 8 444 en 2002, année record.
Sanctions financières plutôt que respect de la loi
Certains partis riches préfèrent visiblement subir ces pénalités plutôt que de prendre le risque d’aligner autant de femmes que d’hommes. L’UMP arrive en tête des partis récalcitrants avec moins de 30 % de femmes candidates cette année. Le Modem indique quant à lui arriver à environ 40 % de femmes candidates. Le Front national n’a pour sa part donné aucune précision.
De leur côté, le Parti socialiste et Europe-Ecologie les Verts annoncent avoir respecté à la lettre l’obligation de parité. Il en est de même pour les petites formations politiques ne voulant pas risquer d’être financièrement pénalisées, telles que le Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin, le Parti de Gauche ou Debout La République de Nicolas Dupont-Aignan. Ce dernier va même au-delà de la stricte parité avec 159 candidates pour 146 candidats.
On se souvient que l’Assemblée à majorité de droite a rejeté en 2010 une proposition de loi socialiste visant à priver de toute aide publique les partis qui ne respecteraient pas la parité hommes/femmes aux élections législatives.
Les candidates envoyées au « casse-pipe »
Si une majorité de partis se rapprochent ou atteignent la parité en termes de candidats, il n’en sera pas de même concernant le nombre d’élus, tant s’en faut. Alors qu’elles représentaient plus de 40 % des candidates en 2007, elles n’ont été que 107 élues (18,5 %) dans l’Hémicycle.
La raison est simple : pour respecter le quota imposé par la loi, les partis alignent des candidates dans les circonscriptions qu’ils savent ne pas pouvoir gagner, réservant ainsi les batailles « gagnables » aux candidats masculins les mieux placés.
Le cas parisien est le plus révélateur de cette tendance. L’UMP n’a investi que des hommes dans les circonscriptions traditionnellement à droite ou susceptibles de basculer en sa faveur. Les candidates sont présentées en revanche là où elles sont battues d’avance.
Même légèrement meilleure, la place des femmes recule également au Sénat. Il y a 77 sénatrices depuis les élections de 2011. Elles étaient auparavant 80 élues à la Haute Assemblée.
La France à la traine de l’Europe en matière de parité
Avec 18,5 % de femmes parmi les représentants de la nation, la France est en queue de peloton de l’Europe en arrivant 19e sur 27, bien loin de la Suède (46,4 %). Au niveau mondial la France se classe même derrière des pays comme le Rwanda (56,3 %) ou l’Afrique du Sud (44,5 %). De l’autre côté de la méditerranée, les femmes parlementaires sont 27 % dans l’assemblée constitutionnelle tunisienne élue en octobre 2011 et 31 % dans le nouveau parlement algérien.
Rached Cherif