France- Non-lieu sur le nuage de Tchernobyl
Vingt-cinq ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, la justice française a enfin statué. Mais pour les personnes atteintes d’une maladie de la thyroïde, le non-lieu rendu par la cour d’appel de Paris ce mercredi 7 juin a ravivé leur colère.
Honte suprême
Le professeur Pierre Pellerin, ancien directeur du service central de protection contre les effets des rayons ionisants (SCPRI), mis en examen pour «tromperie» a en effet été mis hors de cause.
Pour le réseau Sortir du nucléaire, c’est une «honte suprême, la cour d’appel de Paris vient de voler le procès aux malades de la thyroïde en déclarant un non-lieu pour le Pr Pellerin dans l’enquête sur les possibles retombées en France de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl».
Pourtant la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) avait réalisé une carte mettant en évidence la relation entre le passage du nuage radioactif sur le territoire français au printemps 1986 et le nombre important de cancers de la thyroïde.
Chantal L’hoir, présidente et co-fondatrice de l’Association des malades de la thyroïde (AFMT), a déclaré être «très en colère» au regard de ce jugement. «L’être humain pèse peu dans la balance de l’économie et de la finance. Mais heureusement, il y a l’Europe. C’est un procès international. Il faut que l’on sache quel monde nous laissons à nos enfants», a-t-elle précisé, ajoutant que l’association ira en cour de cassation et/ou cour européenne des droits de l’homme si cela est nécessaire.
On nous cache tout, on nous dit rien
Dans un article publié sur le site Rue 89, Michèle Rivasi, députée européenne et co-fondatrice du Criirad, explique qu’à l’époque des faits la France, contrairement au reste de l’Europe, a minimisé l’impact de la catastrophe en n’informant la population ni du passage du nuage radioactif ni de ses conséquences en terme de santé.
Pour elle, la raison en est qu’en avril 1986 vingt-trois réacteurs nucléaires étaient en construction (ou en projet) à travers l’Hexagone, ce qui lui fait écrire que «là où s’implante le nucléaire, la démocratie s’efface».
Pour Noël Mamère, député d’Europe Écologie-Les Verts (EE-LV), «ce non-lieu est un déni de justice qui prouve la force du lobby nucléaire dans notre pays. C’est une preuve supplémentaire de la nécessité de sortir du nucléaire, qui est une industrie dangereuse et qui est basée sur le mensonge et l’omerta».
Eva Joly, candidate à la présidentielle pour EE-LV, a expliqué que «la justice ne doit plus être aux ordres et l’État, doit prendre ses responsabilités lorsqu’il a failli, ce qui a été le cas lors de la catastrophe de Tchernobyl».
Gypsy Allard