France – Négociations au point mort entre les socialistes et les Verts

 France – Négociations au point mort entre les socialistes et les Verts

Même si elle connaît l’importance d’un partenariat avec le PS à l’aube de l’élection présidentielle

Mardi, les tractations entre Europe Écologie Les Verts (EELV) et le Parti Socialiste (PS) ont été arrêtées. Au cœur du débat, l’avenir de la centrale nucléaire de Flamanville pose problème. Après une journée sous tension, les responsables des partis ont tenté de calmer le jeu avant la reprise des réjouissances, prévues demain jeudi.

Après une journée où on aura entendu tout et son contraire, Jean-Vincent Placé, le numéro 2 d’EELV a essayé de se montrer positif. Selon lui, François Hollande et Martine Aubry auraient appelé Cécile Duflot avec la ferme intention de « trouver des solutions ». Le candidat socialiste aurait rappelé « à Cécile son souci d’avoir un accord » avec les écologistes pour 2012.

Le désaccord sur l’avenir de la construction de l’EPR à Flamanville (Manche) avait gelé les négociations mardi. Les écologistes espèrent que les arguments de coût et de sécurité du projet pourront inciter les responsables socialistes à changer leur fusil d’épaule. Difficile à imaginer tant François Hollande s’est montré catégorique sur le plateau de France 2 lundi soir. Sur cette question, il a été très clair : « Je préserverai la construction d’un EPR » si « toutes les règles de sécurité » sont respectées.

Éva Joly inflexible

Particulièrement discrète mardi, Éva Joly n’a rien dit depuis son ultimatum adressé au PS. La candidate d’EELV s’y montrait déterminée : soit le parti de gauche se prononce pour un arrêt définitif du chantier de Flamanville avant le conseil fédéral d’EELV, le 19 novembre, ou alors il n’y aura « plus d’accord possible ».

Même si elle connaît l’importance d’un partenariat avec le PS à l’aube de l’élection présidentielle, la femme de loi veut se montrer inflexible. Déçue et en désaccord total avec le candidat socialiste sur plusieurs sujets, dont le nucléaire, elle ne cacherait plus en privé son intention d’aller jusqu’au bout. Mais dans ces négociations, elle n’est pas la seule à décider. Les intérêts personnels pourraient prendre le pas sur le débat idéologique.

La numéro un du parti, Cécile Duflot, sait que son arrivée aux législatives à Paris est suspendue à cet accord. Hier mardi, elle n’a pas voulu « dramatiser » les déclarations de François Hollande. Dans la journée, c’est elle que les deux leaders socialistes ont appelée. Celle qui évoquait deux jours avant la « probabilité d’un plan B prenant acte de la volonté de rupture de François Hollande » aurait-elle changé son fusil d’épaule ?

Le PS va devoir lâcher du lest

Les négociations vont reprendre demain à la Chocolaterie, le siège d’EELV. Michel Sapin qui supervise ces tractations pour le PS a essayé de minimiser les tensions : « Nous poursuivons le processus de discussions ».

Le reste des dirigeants socialistes lui a emboîté le pas en affichant une confiance à toute épreuve. Christophe Borgel, chargé des élections au PS, s’est dit « optimiste » sur la possibilité d’un accord avant la date butoir du 19 novembre. Pierre Moscovici, probable futur directeur de campagne de François Hollande est « certain qu’on peut trouver des termes de langage commun ».

Mais derrière cet aplomb de façade, les socialistes savent très bien qu’ils vont devoir lâcher du lest pour pouvoir arriver à un accord. La période de grâce qui les a accompagnés ces derniers mois semble maintenant derrière eux. Leur candidat conserve toujours une solide avance dans les sondages, mais la cote de Nicolas Sarkozy remonte tout doucement et surtout, ils savent bien qu’ils ne pourront pas gagner seuls. Le discours d’Éva Joly touche une frange de la population et le score de son parti aux élections pourrait bien faire la différence. Dans ce sens, le PS a proposé un moratoire sur l’EPR de Flamanville. Un premier pas, mais il faudra aller plus loin pour éviter de grosses désillusions au printemps.

Jonathan Ardines