France. Naturalisation : ça se complique !

 France. Naturalisation : ça se complique !

Depuis le 1er janvier 2012

Depuis hier 1er janvier, un décret exige des postulants à la nationalité française un meilleur niveau en français. Désormais, les candidats devront avoir un niveau B1 en langue, savoir « prendre part à une conversation ».

 

L’année commence à peine et ça se complique déjà pour les étrangers. Jusqu’à maintenant, tous les candidats à la naturalisation devaient parler un français de niveau A1. Depuis le 1er janvier, le niveau requis a été revu à la hausse.

Désormais, tous ceux qui voudront devenir français devront savoir « s’exprimer oralement en continu », niveau B1. « Actuellement, l’évaluation du niveau de français est réalisée pendant un entretien avec un agent de préfecture, mais ce n’est pas son rôle. A partir de janvier, ce sera au postulant d’apporter la preuve qu’il dispose du niveau requis », explique Michel Aubouin, directeur de la Direction de l’accueil, de l’intégration et de la citoyenneté (Daic).

Il faudra un diplôme de niveau brevet, BEP, CAP ou une attestation de niveau délivrée par un des organismes reconnus par le ministère de l’Intérieur. Un label permettra de distinguer les organismes de formation reconnus. Les cours seront gratuits mais pour ceux qui voudraient aller plus vite, les organismes privés fourniront des prestations chiffrées entre 95 et 155 euros.

Un test plus difficile

Le niveau requis devient de plus en plus dur. Le ministère de l’Intérieur rejette cette théorie, s’appuyant sur un test à la nationalisation réalisé sur 2 000 candidats. Selon les résultats communiqués par la Daic, seulement 4% ont été éliminés.

Un optimisme pas toujours partagé. De nombreuses associations d’aide aux étrangers s’insurgent face au durcissement du test de langue. L’an dernier, 90 000 étrangers ont obtenu la naturalisation ; cette année, les chiffres pourraient être en chute libre.

« Le problème, c’est l’offre linguistique en face. Beaucoup de crédits ont été supprimés aux associations. Aujourd’hui, un migrant sur cinq a accès à une formation de 270 heures », stipule Pierre Henry, directeur de France Terre d’Asile.

Le gouvernement n’en a cure, rappelant que l’Etat a investi 70 millions d’euros pour « multiplier par vingt » les cours gratuits dispensés. Michel Aubouin se pose en avocat de ce décret, « L’objectif n’est pas de réduire le nombre de naturalisations, mais d’amener les immigrés à mieux s’insérer dans la société ».

Les chiffres le contredisent. Dans les pays où le niveau B1 est déjà instauré, le taux de naturalisation a chuté. Aux Pays-Bas entre 2002 et 2008, 44 % de moins. En Allemagne, les statistiques ont baissé de 39 %.

Ce décret risque de pénaliser une partie des candidats. Tous ceux qui ont plus de mal avec le français et l’apprentissage de la langue latine devront cravacher plus longtemps.

Le gouvernement vient de trouver là un moyen de faire diminuer le taux de naturalisation sans avoir à se salir les mains. Un cadeau empoisonné pour ceux qui rêvent toujours de devenir français.

Jonathan Ardines