France. Mélenchon prend le Capitole

 France. Mélenchon prend le Capitole

Crédité de 13 à 15% dans les sondages


Le candidat du Front de gauche continue son tour de force. Hier jeudi à Toulouse, il a réuni des milliers de personnes malgré le temps maussade. Très offensif, Jean-Luc Mélenchon s’en est pris à Nicolas Sarkozy avant d’énoncer les principes de sa 6ème République. (Photo AFP)




 


Hier jeudi, la place emblématique de la ville rose affichait complet. Malgré la pluie, les gens ont fait le déplacement de toute la France, vêtus de rouge pour soutenir leur favori.


Pour chauffer l’assistance, la formation toulousaine « Les grandes bouches », fusion des groupes Zebda et 100% Collègues, lance les hostilités avec un concert. Face à la scène, de l’autre côté de la place, une grande banderole est accrochée : « Prenons le pouvoir, votons Mélenchon ».


Selon le Front de gauche, 70 000 personnes auraient fait le déplacement, 20 000 selon la police.


 


« Cinq années de souffrance »


« Salud », lance Jean-Luc Mélenchon lors de son arrivée sur scène devant une foule en ébullition. Face à son public, le candidat du Front de gauche ne s’en prendra pas une fois à Marine Le Pen. Crédité de 13 à 15% dans les sondages, Mélenchon s’en prend directement à son adversaire, Nicolas Sarkozy.


Il attaque d’abord le bilan, « cinq années de souffrance, cinq années de recul, de grossièreté, de vulgarité, d’abaissement de la patrie ». Réforme des retraites, travail, santé, le candidat du Front de gauche sort l’artillerie lourde pour dégommer le mandat du chef de l’État.


Il va même jusqu’à interpeller le candidat UMP : « Je vous demande des comptes pour l’ignorance que vous avez répandue à foison en supprimant les postes d’enseignants ».


 


La sixième République


« Nous croyons que le moment est venu d’établir la citoyenneté partout, non seulement dans la cité, mais aussi dans l’entreprise », annonce-t-il sous un déluge d’applaudissements.


Pour lui, pas question de transiger, il faut reconnaître comme droit constitutionnel, « le droit de préemption des travailleurs qui pourraient constituer des coopératives ouvrières qui deviennent propriétaires de l’outil de production ».


Le candidat du Front de gauche veut défendre le droit du travail. Il propose un « droit de réquisition » pour que ne se reproduisent plus jamais des « scandales comme Molex ». Il va encore plus loin en réclamant un « droit de veto des salariés sur les décisions qui concernent l’avenir stratégique de l’entreprise ou l’impact environnemental de leur production ».


Attaqué de toutes parts sur un programme jugé peu réaliste économiquement, Mélenchon réplique, « notre programme n’est pas réaliste d’après vos normes comptables. Il l’est d’après les nôtres ».


 


« La solution passe par un référendum »


« Dès lors qu’il n’y a plus de liberté et de souveraineté, l’insurrection citoyenne est un devoir sacré de la République », appelle le candidat du Front de gauche. Déterminé à rompre avec « l’atlantisme » et le traité « Sarkozy-Merkel », Jean Luc Mélenchon propose un référendum sur le traité européen, mais aussi sur la sortie de l’Otan.


Je « rêve d’une nouvelle alliance altermondialiste indépendante des États-Unis d’Amérique », dit-il en citant Evo Morales. La France sera pour lui « une nation universaliste ».


Dans la foule, c’est la satisfaction qui prédomine. Beaucoup le voient déjà coiffer le candidat socialiste au poteau. D’autres, plus réalistes, se disent qu’il est un peu tard pour la présidentielle, mais salivent déjà pour les prochaines élections.


Avec un chiffre aussi conséquent, le candidat du Front de gauche rabat certaines cartes. Il va pousser François Hollande à « gauchiser » son programme, quitte à perdre certaines voix du centre. Le socialiste n’aura pas le choix, il va devoir faire avec le troisième homme, et sauf surprise, ce sera bien Jean-Luc Mélenchon.


Jonathan Ardines