France. Mélenchon marque des points
Hier dimanche, le candidat du Front de gauche a tenu un meeting sur la place de la Bastille. Motivé et rassembleur, Jean-Luc Mélenchon a appelé les Français à une « insurrection civique ». (Photo AFP)
On parle beaucoup de Sarkozy et Hollande, mais c’est bien lui qui marque des points. Depuis plusieurs semaines, le candidat du Front de gauche ne cesse de grimper dans les sondages. Hier dimanche, Mélenchon a appelé les Français à une « insurrection civique » à l’issue d’une longue marche citoyenne qui a mobilisé plus de 120 000 personnes selon le Front de gauche. La police ne s’est pas prononcée sur les chiffres, elle a indiqué ne pas « vouloir interférer dans la campagne ».
Place de la Bastille, Jean-Luc Mélenchon a d’abord tenté de se démarquer. « Nous sommes le drapeau rouge et le rouge du drapeau, nous sommes la main ouverte, offerte pour la solidarité et qui donne de la force en serrant les doigts pour communiquer son énergie », a-t-il lancé devant une foule acquise à sa cause. Il a annoncé le « retour du peuple des révolutions et des rébellions en France » dans la politique française. Il promet d’ouvrir la brèche « qu’attend toute l’Europe ».
En ce jour anniversaire du soulèvement de la Commune, ses partisans voulaient faire une démonstration de force. Forts des 10 à 11% dont est crédité leur candidat dans les sondages, les sympathisants ont donné de la voix. Encore plus quand Jean-Luc Mélenchon a appelé les français à réagir.
« Nous allons faire de cette élection une insurrection civique qui va, en se donnant d’abord rendez-vous dans les urnes, commencer ce jour-là la révolution citoyenne qu’il est nécessaire d’accomplir pour changer en profondeur la vie du peuple qui pâtit et ouvrir la brèche qu’attend toute l’Europe de son volcan français ».
Mélenchon veut jouer un rôle
« Dix pour cent, ça a été un seuil. Si on passe devant François Bayrou (candidat du MoDem) ce sera un autre seuil. On n’a pas l’intention d’en rester là », a lancé son directeur de campagne, François Delapierre, devant une foule en délire.
Le candidat du Front de gauche a vu grandir son appétit. Fort d’un sérieux engouement populaire, Jean-Luc Mélenchon se prend à rêver talonner François Hollande. La foule présente à Paris partage son enthousiasme. « Et 10, et 15 et 20 ! », hurlent ses partisans remontés comme des pendules.
Beaucoup viennent de loin. Deux cents cars et huit trains ont apporté des partisans venus de toute la France. Tout le monde a son badge, « Vite, la VIème République », le mot d’ordre de leur candidat.
Dans le cortège tout le monde se mélange. Des ouvriers en lutte, d’ArcelorMittal ou de Fralib qui se font entendre aux cris de « résistance, résistance ». Des hommes politiques comme Pierre Laurent, secrétaire national de Parti communiste. « C’est le peuple qui se remet en marche. Nous, on leur dit « prenez le pouvoir » », lâche-t-il.
Olivier Besancenot, ancien leader charismatique du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) est également de la partie.
Il inquiète le PS
Pour son porte-parole, tous les sympathisants du Front de gauche vont « prendre pacifiquement la rue ». Le discours de leur candidat séduit de plus en plus les oubliés des grands partis. Cette montée de Mélenchon n’inquiète pas seulement le candidat UMP, mais bien celui du PS.
François Hollande joue depuis un moment sur la stratégie du vote utile. Le candidat du Front de gauche a réussi à fédérer une gauche antilibérale encore en miettes lors de l’élection présidentielle de 2007. Il grignote des voix aux écologistes mais aussi aux socialistes qui s’inquiètent pour leur candidat.
À un peu moins d’un mois de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a réussi à mobiliser et à fédérer derrière sa personnalité et son aura. Il sait déjà qu’il aura un rôle central si François Hollande venait à se faire élire. Dans une France plutôt cataloguée à droite, c’est un vent nouveau qui vient souffler sur la campagne.
Jonathan Ardines