France. Marine Le Pen fera-t-elle mieux que son père ?

 France. Marine Le Pen fera-t-elle mieux que son père ?

Plus jeune

Même si elle plafonne à 20 % dans les sondages, la candidate du Front National bénéficie d’un vrai crédit de sympathie chez les Français. Une étude TNS Sofres souligne que 31% d’entre eux disent adhérer aux idées du Front National. Doit-on s’attendre à une vague bleu marine lors de l’élection présidentielle ?

 

À chaque élection présidentielle revient cette sempiternelle question, le FN va-t-il réussir à passer le premier tour ? Le souvenir du 21 avril 2002 restera longtemps gravé dans la mémoire collective. Beaucoup d’anti-lepenistes se rassurent grâce au souvenir de l’élection présidentielle de 2007 où Jean-Marie Le Pen, usé et fatigué avait plongé au premier tour.

La donne a changé. Marine Le Pen a pris la succession. Plus jeune, moins inquiétante, elle tente tant bien que mal de dédiaboliser l’image de son parti.

L’UMP, avec le président Sarkozy en tête, lui ont grandement facilité la tâche. À force de loucher sur le programme frontiste, le parti de la majorité a réussi à banaliser certains thèmes du FN comme la lutte contre l’immigration.

Si les gens ont encore du mal à dire qu’ils voteront FN à l’élection, beaucoup ne s’en cachent plus. Un sondage TNS Sofres réalisé entre le 6 et le 9 janvier nous apprend que 31% se déclarent « d’accord avec les idées du FN » contre 22% en janvier 2011.

En une année à la tête du parti, Marine Le Pen a réussi à gagner 9 points et surtout à changer l’image du FN. « Le terme « Front national » est en train de se normaliser. Avant, c’était un peu repoussoir. Ce phénomène est en train de s’éroder », déclare Edouard Lecerf directeur général de TNS Sofres. « Le FN a particulièrement augmenté chez les moins de 35 ans. En un an, leur taux d’adhésion aux idées du FN passe de 11 % à 28 % », précise-t-il.

 

Une banalisation qui inquiète

Un autre chiffre publié par cette enquête est très inquiétant. Les personnes qui se déclarent « tout à fait opposées » aux idées du FN sont passées depuis 1999, de 70 % à 35 %. Le score le plus bas obtenu par le parti frontiste.

Souvent diabolisé à l’époque du père Le Pen, le FN est en train de se banaliser dans l’opinion publique. Ils sont aussi 41 % à penser que Marine Le Pen serait « la représentante d’une droite patriote attachée aux valeurs traditionnelles ». Encore un chiffre en augmentation avec une hausse de 4 points en un an.

Inquiétant également, 31 % des personnes interrogées estiment que le FN « est un parti qui a la capacité de participer à un gouvernement ». Pendant de longues années les électeurs du FN ne croyaient que modérément à une victoire de leur candidat ; depuis l’arrivée de Marine, le vent a tourné.

Le mandat de Sarkozy avec ses dérives sécuritaires a donné du grain à moudre au parti frontiste. Il a aussi légitimé pour beaucoup certaines idées extrémistes. Dans le sondage TNS Sofres, 51 % des personnes interrogées ont estimé que l’on « accorde trop de droits à l’islam et aux musulmans en France ». Une idée qui a grappillé 2 points en une année grâce aux efforts d’un Claude Guéant, toujours prêt à mettre de l’huile sur le feu.

 

Une vague bleu Marine ?

Depuis le lancement de sa campagne, la candidate du FN plafonne à 20 % des intentions de vote. Un score rassurant dans un sens. Depuis son arrivée à la tête du parti, Marine Le Pen a réussi à imposer une nouvelle dynamique, mais sans jamais franchir ce palier dans les sondages qui pourrait la faire passer au rang de présidentiable.

On peut aussi s’en inquiéter. De nombreux instituts de sondages sont d’accord pour dire que Marine Le Pen est sous cotée. Le nouveau visage du parti semble séduire un électorat de plus en plus large. Si elle continue à être créditée de 20 % jusqu’en avril, d’autres électeurs potentiels pourraient choisir le vote extrême pour renforcer la vague bleu Marine annoncée.

Un dernier chiffre de l’étude TNS Sofres estime qu’ils sont seulement 36 % des sympathisants UMP à n’adhérer à aucune position du FN. Marine Le Pen a donc un réservoir de voix à droite. Les analystes les plus pointus évoquent aujourd’hui un score qui pourrait dépasser les 25 % pour la candidate du FN le 22 avril prochain.

Même si Marine Le Pen rame en ce moment pour réunir ses 500 parrainages nécessaires, on se doute bien qu’elle finira par les avoir. Ce qu’on ne peut pas encore prévoir, c’est le taux d’abstention de cette élection. Une donnée importante qui a toujours joué en faveur ou en défaveur du FN.

En 2002, quand Jean-Marie Le Pen a franchi le premier tour, le taux d’abstention était très fort. En 2007, énormément de monde s’est rendu dans les urnes, résultat, le candidat frontiste a à peine franchi la barre des 10 %.

Un message donc à tous ceux qui voudraient barrer la route au Front National. Votre bulletin de vote peut empêcher un nouveau 21 avril, ne l’oubliez pas.

Jonathan Ardines