France. Manifestation à Paris lors de la journée mondiale des migrants
À l’occasion de la journée mondiale des migrants, sans papiers et étudiants étrangers ont défilé hier dimanche à Paris pour protester contre la politique d’immigration menée par Claude Guéant. Douze organisations avaient lancé un appel au rassemblement.
Derrière la grande banderole, « Ensemble pour les droits et la dignité des migrant-e-s », les manifestants donnent de la voix pour se faire entendre. Malgré le froid et les vacances scolaires, étrangers, sympathisants et militants ont fait le déplacement. Entre 3.000 et 5.000 personnes selon les organisateurs, 950 selon les forces de l’ordre défilent dans les rues parisiennes.
En tête de cortège, Brigitte Cerf du Réseau éducation sans frontières (RESF) avance à l’AFP les raisons de la mobilisation : « Nous dénonçons le durcissement en France des lois sur les migrants, de plus en plus précarisés qu’ils soient ou non sans papiers, et l’utilisation politicienne de cette question ».
Un discours qui trouve un écho en cette journée internationale des migrants. Proclamée par l’assemblée générale des Nations Unies en décembre 2000, elle est censée sensibiliser l’opinion aux contributions économiques sociales et culturelles des migrants, aussi bien à leur pays d’origine qu’à leur pays de destination.
Comme tous les pays industrialisés, la France a toujours refusé de ratifier la Convention des Nations Unies « pour les droits des travailleurs immigrés et des membres de leurs familles ». Adoptée par l’assemblée générale le 18 décembre 1990, cette charte n’a été ratifiée que par vingt-sept membres, uniquement des pays émigrants.
Les étudiants en première ligne
« On vote ici, on étudie ici, on vit ici, on reste ici / Régularisations de tous les travailleurs sans-papiers », scandent les manifestants avec détermination.
Une banderole donne le ton, « Étudiants étrangers indignés=diplômés, recrutés, expulsés ». Derrière, de nombreux étudiants venus réclamer le retrait de la circulaire Guéant du 31 mai. Un bout de papier qui a empêché de nombreux diplômés étrangers qualifiés d’obtenir un changement de statut pour devenir salarié.
Si certains, soutenus par des collectifs ont pu obtenir le précieux sésame, d’autres n’ont pas eu cette chance malgré les promesses d’embauche émanant d’entreprises françaises. « Le gouvernement nous balade avec des déclarations de bonnes intentions, disant qu’il y a eu des erreurs qui sont corrigées, mais quand y aura-t-il des instructions, noir sur blanc, aux préfets pour éviter les erreurs qui continuent ? », a lancé à l’AFP, Hajer Gorgi, porte-parole du Collectif du 31 mai.
Selon elle, de nouveaux cas s’accumulent chaque semaine alors que 250 seulement ont été réglés sur les 900 dossiers envoyés au ministère. « Les DRH en viennent à limiter leurs recrutements de diplômés étrangers, une discrimination à l’embauche complètement illégale qui est poussée par le gouvernement », accuse-t-elle.
Pour Hajer Gorgi, le mal est fait et l’hexagone paye aujourd’hui pour sa politique de « chasse aux étrangers », « l’image de la France est ternie dans de nombreux pays ». Des pancartes en anglais sont là pour le rappeler, « Students of the world You’re not welcome anymore » (Étudiants du monde entier, vous n’êtes plus les bienvenus) ou « France, the world is watching you » (France, le monde te regarde).
Suffisant pour faire infléchir le gouvernement ? Rien n’est moins sûr.
Jonathan Ardines