France. « Les Restos du Cœur ont besoin de vous »

 France. « Les Restos du Cœur ont besoin de vous »

Olivier Berthe

Olivier Berthe, le président de l’association a lancé un appel à la générosité nationale pour aider l’association. Avec la pauvreté qui ne cesse de croître, les Restos du Cœur auront besoin d’au moins cinq millions d’euros supplémentaire en 2011-2012 pour répondre à la demande.

« Les personnes qui ont besoin des Restos du Cœur ou de l’aide d’autres associations humanitaires pour se nourrir et vivre correctement sont de plus en plus nombreuses » et « cette tendance risque de s’installer ».

Triste constat tiré par Olivier Berthe lors d’un entretien à l’AFP. Une réalité qui n’épargne personne. Depuis trois ans, 25 % de personnes en plus sont accueillies et aidées par l’association, « nous enregistrons encore de l’ordre de 5 à 8 % de personnes supplémentaires depuis le début de notre campagne 2011-2012, avec parfois dans certains départements, des pics pouvant atteindre jusqu’à 15 % » explique-t-il.

Une demande qui ne cesse de croître alors que le budget, lui, bat de l’aile : « Aux Restos du Cœur, un repas coûte environ un euro. L’an dernier, on a servi 109 millions de repas à 860 000 bénéficiaires. Si on devait constater 5 % de personnes en plus durant toute la durée de la campagne, soit l’hypothèse basse, cela représenterait cinq millions d’euros de besoins en plus », estime Olivier Berthe.

Un appel à la générosité

Il y a quelques semaines, le Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) a failli passer à la trappe. Il a été sauvé in extremis.

L’aide alimentaire de 18 millions d’Européens pauvres dans 19 des 27 Etats membres va continuer encore pendant deux ans, « cette aide européenne reste au même niveau qu’il y a deux ou trois ans. Quant aux finances publiques, elles sont très mal en point », s’inquiète-t-il.

Dans cette situation difficile, au moment où de nombreux financements stagnent, le président des Restos en appelle à « la générosité nationale, publique et privée, pour nous aider à compenser ».

Désormais, l’avenir des bénéficiaires est lié à la générosité ou non du peuple français. Olivier Berthe n’attend plus grand chose des pouvoirs publics.

La Visite du président de la République au centre logistique des Restos du Cœur à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) il y a quelques jours n’a pas changé grand chose. Nicolas Sarkozy avait salué le « travail exceptionnel » de l’association sans rien promettre en retour.

Sarkozy critiqué

À gauche, on ironise, « Face à la pauvreté, la compassion et les bons sentiments ne suffisent pas », a déclaré lundi la députée PS Marisol Touraine, chargée du pôle social dans l’équipe de campagne du candidat socialiste.

« À quelques jours de Noël, Nicolas Sarkozy avait jugé opportun de se rendre dans un centre des Restos du Cœur, pour marquer sa compassion. Aujourd’hui, le président de l’association tire la sonnette d’alarme », ajoute-elle avant d’assurer que « toutes les associations engagées dans la lutte contre la pauvreté dressent le même constat ».

Dans ce communiqué, l’élue PS fustige « le sinistre bilan » de Nicolas Sarkozy qui « a fait de la dénonciation des pauvres comme fraudeurs ou assistés sa marque de fabrique ».

Enfin, elle dresse un bilan peu reluisant pour le chef de l’État, « en cinq ans, la pauvreté a augmenté en France, elle touche des hommes et des femmes qui travaillent, des jeunes ou des familles entières ».

Loin des querelles politiciennes, le président des Restos du Cœur espère que les gens vont se mobiliser. En attendant, il va falloir se serrer la ceinture pour pouvoir aider un maximum de personnes à passer l’hiver. « Conclusion : on doit faire plus avec moins », lâche-t-il avec regret.

Jonathan Ardines