France. Les 577 prennent date

Jeudi sur la place de la Concorde, le Collectif des 577 organisait un grand rassemblement face à l’assemblée nationale. Objectif, interpeller sur le risque d’homogénéité des élus de dimanche.

« Dimanche, je voterai blanc tant que je ne pourrais pas voter noir ». Siam, membre du collectif contre le contrôle au faciès en a « marre » de cette politique à deux vitesses. « Nous voulons des élus de la réalité, du peuple. Où sont les gens des quartiers populaires, où sont les jeunes ? ».

Avec elle, une centaine de personnes, militants ou simples anonymes ont fait le déplacement pour répondre à l’appel du Collectif des 577. Massés sur la place de la Concorde sous l’œil curieux des touristes, ils veulent marquer le coup et réclament de la « diversité dans les rangs de l’assemblée nationale ».

Un lieu symbolique

Le collectif s’inquiète d’une possible division à l’avenir. La France est un pays coloré, multiculturel, aux sensibilités diverses. Beaucoup ont voté pour François Hollande, pour un réel changement. Mais dimanche, pour Siam, on verra toujours les mêmes têtes à l’assemblée, « des vieux bedonnants ».

Dans ce lieu symbolique où un roi a été décapité, le collectif renouvellera son appel à intervalles régulières jusqu’à ce que la barre des 577 personnes symboliques soit atteinte. « Nous sommes le monde qui vient féconder cette nation », affirme au micro un jeune militant d’origine africaine.

Une parité loin d’être respectée

« Où sont les femmes », interroge Siam. « Il y en aura 30% à l’assemblée dimanche et on devrait se réjouir ? Seulement 3/10 se retrouvent dans des circonscriptions gagnables, c’est ça la parité ? ». Pour elle, pas question de faire dans la demi-mesure. « La parité, tu l’appliques ou la politique, tu la quittes », lance-t-elle au micro.

Le second tour des élections législatives de dimanche ne devrait pas changer grand chose pour le moment. Il n’y aura pas un très grand renouvellement des têtes et l’âge moyen des députés devrait toujours tourner autour des 60 ans… Pas grave, le collectif continuera ses actions jusqu’à ce qu’il soit entendu. « Nous voulons une assemblée à l’image de la France et une plus grand solidarité sociale ».

Une notion d’égalité réclamée depuis plus de 30 ans et la fameuse Marche pour l’Égalité. Les choses ont avancé tellement doucement qu’on est en droit de se demander si ces initiatives peuvent encore faire évoluer les mentalités. « Je ne pense pas que ça soit la solution », nous glisse Axiom, venu tout de même apporter son soutien. Pour lui, il faut aller plus loin : « Nous devons bloquer, faire une action vraiment marquante ». Le rapport de forces pour obtenir l’égalité comme seule issue ?

Jonathan Ardines