France. Les nouveaux talents du festival Transit

 France. Les nouveaux talents du festival Transit

Cette année


Hier vendredi, à la salle des fêtes de Sevran (Seine-Saint-Denis), se déroulait la soirée cabaret, le grand événement du festival. Après plusieurs mois de répétitions avec des professionnels bénévoles, des amateurs de tout âge ont défilé, chanté ou exposé devant un public ravi.




 


« C’est là qu’on va jouer ? demande un jeune rappeur du groupe 404, c’est grand quand même ! ». En découvrant la scène de la salle des fêtes de Sevran, tous les artistes d’un soir ont les yeux qui brillent. « On donne l’occasion à tous ces talents en herbe de se produire pour la première fois devant un public dans de bonnes conditions. Une bon moyen de leur mettre le pied à l’étriller », nous explique Ana Gianni, directrice de la maison de quartiers Marcel Paul située dans la cité des Beaudottes.


Ce festival créé en 1998 a pour but de laisser un temps d’expression aux habitants. Du 12 mai au 2 juin, 23 centres sociaux et socioculturel se mobilisent pour valoriser les pratiques artistiques des habitants des quartiers populaires de la Seine-Saint-Denis.


Pour cette grande soirée cabaret, les trois maisons de quartiers de la ville de Sevran se sont associés pour offrir au plus grand nombre une chance unique, se confronter à un public.


 


« Ouvert à tous »


Un appel à projets est déposé en début d’année et tout le monde peut y répondre. Personne n’est mis sur la touche et avec les moyens du bord, les maisons de quartiers tentent d’accompagner au mieux tous les participants. « Le festival est ouvert à tous, nous sommes juste là pour les aider, les former grâce notamment à la bonne volonté de professionnels du quartier ».


Cette année, trois créatrices, Ava Paris, Sana collection et Mélissa B. couture ont répondu à l’appel pour donner un coup de main aux jeunes. « Il y a des talents à exploiter, on avait envie de les aider », assure Mélissa.


Dans les coulisses on se maquille, on répète. Fatou, mannequin, a aussi apporté son expérience. Depuis un mois, elle travaille avec les filles qui vont défiler pour leur « apprendre la démarche », mais pas seulement. « En les mettant en avant, on leur permet de reprendre confiance en elle », se réjouit-elle. Et personne n’a été oublié. Pas question de sélectionner uniquement les grandes perches anorexiques, « nous avons créé des modèles de toutes tailles, il n’y a pas de critères de gabarits. Les filles ne font pas toutes 1m70, ce n’est pas le reflet de Sevran », affirme Mélissa.


 


« Aider nos jeunes talents»


À l’entrée de la salle et au service, des jeunes formés par Fatou accueillent le public. Sur scène, derrière les rideaux, les mannequins d’un soir répètent entre bonne humeur et montée d’adrénaline. Dans les loges, une coiffeuse professionnelle s’agite pour donner à chacune une coiffure de princesse. Cette mère de famille au chômage a décidé de participer à l’aventure car « il faut bien les aider, nos jeunes talents ! ».


À l’intérieur la salle se remplit, tous les billets ont été vendus, il a même fallu refuser du monde. « Parfois, on rajoute quelques chaises dans des coins pour les familles qui se réveillent au dernier moment », raconte Ana Gianni. Abdel, animateur et co-pilote de cette soirée est partout à la fois. « Pour le moment tout va bien, mais c’est le monde du bénévolat, on se lance dans une totale incertitude ».


Dehors, les 3 jeunes du groupe de rap 404 se détendent avant le show. « Un peu stressés », ils ne s’en laissent pas compter, « une fois sur scène, le stress va disparaître ».


Fatou, Mélissa et d’autres ont décidé de créer leur propre association. « Nous voulons aider tous les habitants de la commune à développer leur talent », assure Fatou. Cette soirée donc n’est que le commencement d’une belle histoire.


Jonathan Ardines