France – Les indignés peinent à se faire entendre

 France – Les indignés peinent à se faire entendre

C’est le livre de Stéphane Hessel

Ce mouvement qui prend une ampleur considérable aux Etats-Unis ou chez nos voisins européens, tarde à décoller dans l’hexagone. Depuis vendredi, les indignés français se sont installés sur le parvis de la Défense. Peu nombreux, ils ont passé leur week-end sous haute surveillance policière.

Une faible mobilisation

Le peu d’engouement qu’ils suscitent en France ferait presque oublier que c’est le livre de Stéphane Hessel, « Indignez-vous », qui leur a inspiré leur nom. Alors qu’en Espagne, en Grèce ou aux Etats-Unis, le mouvement des indignés prend chaque jour un peu plus d’ampleur, en France, il peine à rassembler.

Ce week-end, les indignés ont décidé de passer la vitesse supérieure. À l’instar de leurs homologues américains installés près de Wall Street depuis mi-septembre, ils ont décidé d’occuper le quartier d’affaires de la Défense.

Une cinquantaine de manifestants ont passé les nuits de vendredi et samedi sur le parvis. Samedi, au plus fort de la mobilisation, 750 manifestants étaient réunis pour clamer leur « envie de changement ». Pas de quoi empêcher le président de dormir.

Deux blessés vendredi soir

Ils se sont retrouvés vendredi après-midi comme prévu. Sous l’œil amusé des badauds, les indignés, autorisés à rester sur place jusqu’à 21h30, ont profité de ce répit pour installer un campement de fortune. Une trentaine de tentes ont été plantées vitesse grand V entre les dalles de béton.

Le soir venu, les forces de l’ordre se sont empressées de les déloger, retirant sans ménagement tentes, bâches et couvertures de survies utilisées pour l’occasion. Sous une pluie abondante, la cinquantaine de manifestants restant a tenté de s’abriter sous la Grande-Arche de la Défense mais les policiers les ont bloqués dans l’escalier.

Démunis, ils ont tenté tant bien que mal de se protéger avec des sacs en plastique et tout ce qui leur passait sous la main. Les CRS sont alors intervenus pour les leur arracher des mains. Dans la bousculade, deux manifestants ont été légèrement blessés. Un jeune homme de 21 ans s’est blessé aux cervicales à la suite d’une chute et a été conduit par des pompiers à l’hôpital de Neuilly-sur-Seine ; un autre homme a été légèrement touché par un gaz lacrymogène.

Les raisons d’un échec

Samedi, à l’appel de plusieurs mouvements, environ 700 personnes sont venues grossir les troupes. Sur le parvis de la Défense résonnaient chants et slogans révolutionnaires tout droit inspirés des révolutions arabes. Des débats sur les moyens de « mettre fin à l’austérité » animaient les discussions.

La nuit fut plus calme pour la cinquantaine de personnes encore présente. Hier dimanche, alors que certains se préparaient à y passer une nouvelle nuit, beaucoup s’interrogeaient sur les raisons qui empêchent le mouvement de décoller.

La situation économique en France, pas aussi catastrophique qu’en Espagne ou en Grèce, inquiète moins. Les gens attendent l’année prochaine, élection présidentielle oblige. C’est d’ailleurs le cas des partis et des syndicats qui pourraient porter leur cause, mais qui ne veulent pas se mouiller. Sans oublier un gouvernement qui leur a toujours coupé l’herbe sous le pied.

Dans les pays voisins, les indignés ont pu s’installer ; en France, on ne leur laisse pas cette opportunité. Hier encore, pour la troisième nuit passée sur le parvis, de nombreux policiers étaient là pour surveiller et intervenir. Suffisant pour décourager ceux qui hésiteraient à rejoindre le mouvement.

Jonathan Ardines