France. Les experts du Conseil de l’Europe déplorent la « banalisation » du racisme en France
Des experts Conseil de l’Europe se sont inquiétés ce mardi de « l’accroissement des violences racistes, antisémites et islamophobes ». Les auteurs du rapport pointent une augmentation alarmante de la parole racisme, islamophobe et antisémite, en particulier sur les réseaux sociaux et invitent les autorités françaises à lutter plus efficacement contre le phénomène.
La justice complaisante avec l’islamophobie
Les experts de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), organe dépendant du Conseil de l’Europe, ont rendu public un rapport dénonçant la banalisation de la parole raciste et notamment islamophobe. Le document vise les discours tenus sur les réseaux sociaux et dans l’espace public. Il cite notamment l’exploitation par des personnalités politiques du thème de la viande hallal pour stigmatiser les musulmans. Des discours qui s’inscrivent dans la lignée des propos de Marine de Pen sur les prières de rue ou de ceux de Jean-François Copé sur le fameux « pain au chocolat » confisqué pendant ramadan.
La laïcité, telle qu’elle est entendue dans la loi française, suscite également un certain nombre d’interrogations des experts européens. Ainsi, « l’ECRI recommande aux autorités françaises de clarifier la réglementation concernant le port du voile par les mères accompagnant les sorties scolaires et à prendre des mesures pour assurer que les décisions prises par les autorités scolaires sont exemptes de toute dimension discriminatoire ».
Dans un communiqué, le Collectif Contre l'Islamophobie en France (CCIF) a souligné que ce constat « rejoint en tout point » le sien. Le collectif s’alarme de la banalisation du discours islamophobe qui, « couplée avec une justice anormalement complaisante, lorsqu’il s’agit de condamner les actes islamophobes, crée un cercle vicieux et appelle à la récidive. »
La France refuse de signer le protocole l’obligeant à interdire toutes formes de discriminations
Une discrimination que l’on retrouve dans le monde du travail selon l’ECRI, qui rappelle qu’il y a eu « plusieurs affaires de licenciement où le port du voile entrait en jeu ». Des affaires, comme le cas Baby Loup, dans lesquelles la jurisprudence tend à sanctionner le port du voile des travailleuses.
Les experts européens recommandent formellement à la France « de lutter efficacement contre la prévalence des stéréotypes et préjugés raciaux », par exemple en réformant « les curricula scolaires et les programmes de formation des personnels pédagogiques (…) de manière à ce qu’enseignants et élèves puissent mieux comprendre les questions sociétales en lien avec les religions, les convictions ainsi que les incidences de l’immigration ».
Le rapport signale que « les autorités françaises ont informé l’ECRI qu’elles n’ont pas le projet de signer ou de ratifier le Protocole n° 12 », qui prévoit l’interdiction générale de la discrimination. Une position qui indigne les experts qui ne peuvent que renouveler leur recommandation à revenir sur cette décision.
Rached Cherif