France. Le PS se met à la diversité

 France. Le PS se met à la diversité

Parmi les candidats « diversité » mis en avant par le PS

Souvent évoquée, rarement imposée, les socialistes ont décidé de changer. La première secrétaire du parti, Martine Aubry, a décidé d’imposer une volonté politique. Pour les élections législatives, 25 circonscriptions ont été réservées à des candidats issus de l’immigration.

En 2007, Ségolène Royal avait essayé de faire bouger les choses avec son slogan « la République métissée ». Le PS avait envoyé 17 candidats étiquetés « diversité » aux élections législatives. La plupart s’était cassé les dents dans des circonscriptions casse-pipe où seule la Guadeloupéenne George Pau-Langevin, candidate à Paris, avait été élue députée.

Cette année, le PS le promet, il y aura enfin de la couleur dans l’Hémicycle. « Dans l’élaboration des candidatures, notre priorité a été d’avoir des élus, donc de repérer et de réserver des circonscriptions et de trouver des candidats », souligne Christophe Borgel, secrétaire national aux élections.

Sur les 25 circonscriptions, 10 sont données gagnables pour les candidats issus de la diversité, un véritable changement dans la politique socialiste. Et au parti, on le reconnaît volontiers, la première secrétaire en a fait son cheval de bataille. « Là-dessus, Martine n’a rien lâché. Elle veut au moins laisser cette trace », explique Pouria Amirshari, secrétaire national aux droits de l’homme et de la francophonie.

Rivaliser avec l’UMP

Le PS a un train de retard sur l’UMP. Avec ses ministres de la diversité, Nicolas Sarkozy a fait ce que la gauche n’arrivait pas à faire. Mais si la direction du parti veut faire évoluer les mentalités, les fédérations locales ont plus de mal, « La résistance vient des caciques locaux qui ont peur de perdre leur place, pas des électeurs », précise Sabrina Ghallal, conseillère générale de la Marne.

Christophe Borgel a donc imposé ses candidats dans plusieurs circonscriptions, certaines « sûres » et d’autres pouvant basculer en cas de vague rose. Un premier pas pour un parti qui a toujours eu du mal à s’ouvrir aux autres.

« Le marché électif du PS est très fermé. C’est un parti dominé par les notables et les responsables de fédération. Parvenir à 25 candidats, c’est un résultat en soi », assure Rémi Lefebre, professeur de sciences politiques à l’université Lille-II.

Depuis le début des années 80, le PS s’est coupé de plusieurs générations lassées par les promesses non tenues sur le droit de vote des étrangers ou sur le manque d’ouverture du parti.

« Le PS ne sait plus attirer des cadres qui viennent du mouvement social, des syndicats ou du mouvement culturel. Son seul vivier, c’est le MJS (Mouvement des jeunes socialistes) et l’UNEF, c’est à dire des jeunes dans le moule », affirme Malek Boutih, membre du bureau national du PS.

De la couleur à l’assemblée

« Pour le PS, les minorités doivent rester invisibles. Et pourtant, la direction sent bien qu’il y a un problème », explique Malik Boutih. Une question qui a toujours mis mal à l’aise le parti. Incapable de définir la place de la diversité dans la société, le PS a souvent préféré occulter le sujet.

Pas cette fois. À Nancy, Chaynesse Khirouni devrait gagner sa bataille, comme Seybah Dagoma, d’origine tchadienne, investie dans la 5e circonscription parisienne, fief de gauche de longue date.

À Montreuil, ça sera un peu plus difficile mais jouable pour l’ancien président du MJS, Razzy Hammadi. Pouria Amirshahi dans la 9e circonscription des Français de l’étranger et Yacine Djaziri à Nanterre devront batailler pour obtenir un siège.

Najat Vallaud-Belkhacem, porte-parole du candidat Hollande n’a pas été gâtée. Elle affrontera l’ancien ministre Dominique Perben, dans une circonscription lyonnaise ancrée à droite depuis un bon moment.

La bataille politique est lancée et l’assemblée pourrait bien prendre des couleurs cet été. C’est en tout cas le souhait de Martine Aubry. Aux électeurs de trancher.

Jonathan Ardines