France. La pauvreté gagne du terrain
Le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) et l’observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) ont remis hier lundi leur rapport au gouvernement. Ils y dénoncent une pauvreté toujours très forte et délivrent leurs recommandations pour lutter efficacement contre ce fléau.
Il l’avait promis en arrivant au pouvoir en 2007, Nicolas Sarkozy ferait baisser la pauvreté d’un tiers avant la fin de son mandat. L’observation faite sur deux années, 2008 et 2009, montre que l’objectif est loin d’être atteint.
« Tenant compte de la poursuite du ralentissement de la croissance, il sera (…) très vraisemblablement impossible d’atteindre en
Selon le rapport, en 2009, 13,6 % de la population française était considéré comme pauvre, c’est-à-dire vivant avec moins de 954 euros par mois pour une personne seule.
Les plus touchées sont les familles monoparentales et les familles nombreuses. Juste après viennent les jeunes. Les moins de 25 ans, même pas un tiers de la population française, représentent 42 % des pauvres dans le pays.
Les personnes âgées sont aussi victimes de ce fléau, en particulier les femmes seules de plus de 75 ans.
Revaloriser le RSA
Dans leur rapport les deux instituts préconisent plusieurs mesures pour lutter efficacement contre la pauvreté. À quelques mois de l’élection présidentielle, le rapport va être envoyé à tous les candidats.
La première mesure défendue est la hausse de 25 % sous cinq ans du RSA (revenu de solidarité active) grâce à une TVA sociale ou à un redéploiement du budget social. Une fois en place, le prochain parti au pouvoir devra mettre en place un « nouveau plan de cohésion sociale ».
Il faudra d’abord cibler les jeunes et relancer l’emploi pour cette frange de la population dont le taux de chômage ne cesse de grimper année après année.
Dans une interview à l’express, Jérôme Vignon, président de l’ONPES expliquait que « le nombre d’accompagnants pour aider les personnes à s’insérer sur le marché du travail devait être multiplié par trois pour être vraiment efficace. Idem pour trouver un logement ».
Le rapport pointe du doigt les carences sur la politique du logement social en France. Alors que les demandes augmentent chaque année, les places sont de plus en plus rares. La faute aux communes qui refusent d’avoir les 20 % de logements sociaux obligatoires.
Les deux instituts reprennent certaines propositions du comité de suivi de la loi DALO sur le droit au logement opposable.
Très grave et symbole d’une pauvreté intellectuelle grandissante, 15 % des demandeurs d’emploi ne savent ni lire ni écrire.
À la fin de son rapport, le CNLE et l’ONPES notent que les indicateurs sont moins dégradés en France que dans d’autres pays d’Europe, grâce au « rôle positif » du système de protection sociale. Mais le fossé qui se creuse chaque jour un peu plus entre les pauvres et le reste de la population n’invite pas à l’optimisme.