France. La Palestine entre à l’UNESCO
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est venu en personne assister au lever de drapeau historique au siège de l’UNESCO. Puis il a retrouvé le président Sarkozy à l’Elysée pour évoquer le processus de paix, toujours à l’arrêt.
« Il s’agit vraiment d’un moment historique », a déclaré Mahmoud Abbad, visiblement ému lors de la cérémonie. Sous une pluie diluvienne, le drapeau palestinien a été déployé devant le siège de l’organisation onusienne pour l’éducation, la science et la culture.
Pendant la cérémonie, l’hymne palestinien a retenti dans l’enceinte sous les applaudissements d’une cinquantaine de personnes venues pour l’occasion. La Palestine devient ainsi le 195ème membre de l’UNESCO.
Le 31 octobre dernier, la conférence générale avait voté pour l’admission de la Palestine comme membre à part entière. « Cette adhésion est une première reconnaissance de la Palestine. C’est émouvant de voir notre drapeau hissé aujourd’hui dans une enceinte de l’ONU », s’est réjoui M. Abbas avant de voir plus loin : « Nous espérons que cela mettra la Palestine sous de bons auspices pour devenir membre d’autres organisations ».
L’autorité palestinienne souhaite rejoindre les seize organisations internationales auxquelles son statut de membre à l’UNESCO lui permet d’adhérer. « Mais nous choisirons le bon moment et le bon contexte. Nous souhaitons que le moment soit propice », a prévenu Mahmoud Abbas.
Le veto américain
Les Etats-Unis se sont toujours opposés à l’adhésion de l’autorité palestinienne à l’UNESCO. Peu après le vote historique, ils ont coupé leur contribution financière à l’organisation, 80 millions de dollars par an, soit 22 % de son budget.
Une pression qui n’a pas refroidi les ardeurs de l’organisation. Hier mardi, Irina Bokova, la directrice générale de l’UNESCO qui était présente pour la cérémonie, a qualifié cette entrée de « chance » pour la paix. Mahmoud Abbas affichait quant à lui un optimisme à toute épreuve, « C’est un pas vers la réalisation du rêve d’un Etat palestinien indépendant ».
L’objectif principal du dirigeant demeure l’ONU où il a déposé le 23 septembre dernier une candidature pour obtenir un statut de membre plein. Pour le moment, les Palestiniens n’y ont pas les 9 voix sur 15 nécessaires. Même s’ils les obtenaient, les Etats-Unis ont déjà prévenu qu’ils utiliseraient leur veto.
Pour Washington, un accord doit être négocié avec Israël avant, autant dire que cette place à l’ONU paraît bien loin pour les Palestiniens. Mahmoud Abbas n’a pas manqué de pointer du doigt l’incohérence, « L’adhésion à l’UNESCO (…) pose la question de savoir pourquoi nous ne pourrions pas être admis aux Nations Unies ».
Le processus de paix au point mort
Après la cérémonie, Mahmoud Abbas a rencontré le président français à l’Elysée. Il est venu faire le point et évoquer les échéances à venir. Au centre des discussions, le processus de paix israélo-palestinien toujours au point mort.
Israël refuse de revoir sa position sur la poursuite de la politique d’implantation juive en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. « Si Israël est sérieux à propos de la paix, pourquoi Israël continue à construire sur le territoire de Cisjordanie ? », a demandé Mahmoud Abbas à l’issue de son entretien.
Le président de l’autorité palestinienne sait qu’Israël et Washington ne veulent pas entendre parler d’un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem-Est pour capitale comme il le réclame.
Il essaye donc de convaincre un maximum de membres de l’ONU avec l’espoir que la nouvelle composition du Conseil de sécurité, à partir du 1er janvier, leur sera plus favorable. En effet, le Maroc, le Pakistan et l’Azerbaïdjan pourraient y faire leur entrée.
Hier, Nicolas Sarkozy a plaidé pour que la Palestine puisse obtenir un statut d’ « Etat observateur ». Mahmoud Abbas s’est félicité du « soutien réitéré de la France à la création d’un Etat palestinien indépendant ».
Le Quartet, qui réunit l’Union européenne, la Russie et les Nations Unies, doit arriver dans la journée à Jérusalem pour tenter de relancer les négociations. La date du 26 janvier a été arrêtée pour que les Israéliens et les Palestiniens se mettent d’accord sur les frontières et la sécurité. Les chances d’un accord sont infimes, mais l’espoir demeure.
Jonathan Ardines