France. La gauche s’achemine vers une confortable majorité à l’Assemblée nationale
Estimation du nombre de sièges dans la nouvelle Assemblée nationale au soir du premier tour [Ispos
Les résultats du premier tour des élections législatives montre qu’une majorité des Français a voté pour le changement voulu par le président élu le 6 mai dernier. Ce scrutin reste cependant entaché d’une faible participation de 57,23 %, l’une des plus faibles pour des législatives sous la cinquième république.
La gauche largement en tête, participation en berne
À l’image de Jean-Marc Ayrault, élu facilement au premier tour (comme cinq autres ministres), le Parti socialiste et ses alliés peuvent se réjouir, même si la faible participation (57,23 %) entache quelque peu ces résultats. La gauche totalise 46,77 %, contre 34,07 % pour les candidats de l’UMP. Selon les projections de sièges réalisées par les instituts de sondage, le PS, allié aux radicaux de gauche et aux candidats divers gauche, recueillerait 283 à 329 sièges dans la nouvelle assemblée.
Les Verts, qui visent la formation d’un groupe parlementaire, obtiendraient quant à eux 10 à 20 sièges grâce à leur 5,46 %, mais aussi à leur accord avantageux conclu avec le PS. Le Front de gauche obtient 6,91 % des voix, ce qui devrait lui permettre de siéger à l’Assemblée avec 12 à 19 députés.
Dans un scénario favorable, les socialistes auraient donc les coudées franches pour gouverner seuls. Dans le cas contraire, ils devront composer avec les députés EELV ou avec leur encombrant allié du Front de gauche. Ce dernier connait un revers cinglant avec l’élimination de Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais.
L’UMP pris en tenaille, le Modem passe à la trappe
À droite, l’UMP recule, mais affiche tout de même un score proche de celui du Parti socialiste. Contrairement au PS, l’UMP ne peut en revanche pas compter sur une réserve importante de voix au second tour et ne devrait donc avoir que 210 à 263 sièges, contre 320 dans l’Assemblée nationale sortante.
Le Front national s’affirme plus que jamais comme la troisième force politique du pays avec 13,6 % des suffrages. Marine Le Pen et quelques-uns de ses proches ont même de bonnes chances de faire leur entrée à l’Hémicycle sous l’étiquette du Rassemblement bleu Marine. Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la leader frontiste, est ainsi en tête d’une triangulaire à Carpentras avec 34,54 %.
Cette division à droite risque donc de compliquer la donne pour l’UMP dimanche prochain. D’autant plus que le FN a choisi de maintenir tous ses candidats en position de le faire, soit dans 32 triangulaires et 29 duels (20 face à la gauche, 9 face à la droite).
Avec 1,76 %, le MoDem fait désormais figure de nain politique. Comme son chef de file, en difficulté dans sa circonscription de Pau, le parti perd une grande partie de son électorat (7,6 % en 2007) et n’est pas certain de figurer dans la nouvelle assemblée. Il ne sera en tout état de cause pas en mesure d’emporter plus de trois sièges le 17 juin.
Des candidats de la diversité en position favorable à gauche
Parmi les candidats de la diversité investis par le PS ou ses alliés, on retrouve Kader Arif en ballotage favorable dans la 10e circonscription de Haute-Garonne avec 30,84 % des voix. Le nouveau ministre aux anciens Combattants devrait donc garder son portefeuille à l’issue du second tour.
On peut également citer le cas de Seybah Dagoma en tête dans la 5e circonscription de Paris avec 43,6 %, de Malek Boutih avec 34,56 % des voix dans la 10e circonscription de l’Essonne ou encore Razzy Hammadi lui aussi en tête avec 36,71 % dans la 7e circonscription de Seine Saint-Denis.
À droite, les figures de la diversité ne sont pas à la fête. Rama Yade a ainsi été éliminée dès le premier tour dans la 2e circonscription des Hauts-de-Seine. Même scénario pour Salima Saa (UMP) dans la 8e circonscription du Nord ou encore pour Sally Chadjaa dans la 1ère circonscription de Charente maritime.
Rached Cherif
