France. La gauche majoritaire à l’Assemblée nationale après 10 ans de domination de la droite
La vague rose à l’Assemblée nationale aux législatives a bien eu lieu. Le Parti socialiste et ses plus proches alliés (radicaux de gauche et divers gauche) obtiennent en effet 316 sièges dans la nouvelle assemblée, soit 27 de plus que la majorité absolue. Au total, la gauche occupera 346 des 577 sièges de l’Hémicycle.
Une vague rose balaie l’Assemblée
Le 17 juin, les Français ont confirmé et même amplifié la victoire de la gauche à l’élection présidentielle. François Hollande et son gouvernement pourront compter sur une confortable majorité à l’Assemblée nationale avec 316 députés socialistes, radicaux de gauche et divers gauche.
Avec les députés d’Europe-Écologie Les Verts et du Front de gauche, la gauche totalise 346 sièges, un record sous la cinquième république. L’écologie politique disposera même du premier groupe parlementaire de son histoire, alors que l’extrême gauche est en dessous du seuil de 15 élus lui permettant de garder le sien.
Il y a bien quelques déceptions comme l’humiliation de Ségolène Royal à La Rochelle ou la défaite de Jack Lang dans les Vosges. Mais dans l’ensemble, la gauche peut se réjouir d’un score historique. D’autant plus que les têtes tombées à droite sont bien plus nombreuses.
Grand chelem du gouvernement Ayrault
À gauche, c’est donc l’euphorie. Les 24 membres du gouvernement qui se présentaient ont tous été élus ou réélus, conservant ainsi leurs postes ministériels. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault (réélu dès le premier tour), a été l’un des premiers à se féliciter de cette large majorité. Il a également promis le respect des droits du parlement et de l’opposition lors de son intervention dimanche soir.
Il a par ailleurs annoncé la nomination d’un nouveau gouvernement cette semaine, mais ce remaniement s’annonce mineur compte tenu des résultats des élections. Le Front de gauche a d’ores et déjà rejeté l’idée d’une nomination de ministres issus de leurs rangs.
Hécatombe à droite et retour du Front national
Claude Guéant, Nadine Morano, Michelle Alliot-Marie, Frédéric Lefebvre, Hervé Novelli ou encore Éric Raoult sont autant de figures du sarkozysme balayées par la vague rose. Et avec eux, une centaine de députés UMP perdent leurs sièges de députés.
Illustration de cette déroute, Louis Giscard D’Estaing a été battu par l’écologiste Danièle Auroi, qui a ainsi mis fin à 66 années de règne des Giscard père et fils dans le Puy de Dôme. Comme la « Giscardie », de nombreux fiefs de la droite sont tombés un peu partout en France.
Jean-François Copé, patron de l’UMP, a appelé à une opposition « responsable mais déterminée », alors que François Fillon souhaite une opposition « digne mais vigilante ». Cette défaite risque de précipiter la guerre des chefs qui s’annonce dans le parti. Pour la sénatrice UMP Chantal Jouanno, ce résultat « sanctionne la stratégie de droitisation ».
Enfoncée par la gauche, l’UMP voit également son flanc droit entamé par le Front national. Élus à Carpentras et dans le Gard, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard représenteront la formation d’extrême droite au Palais Bourbon pour la première fois depuis 1986. À cela s’ajoute un ancien député FN (de 1986 à 1988), Jacques Bompard, élu dimanche dans le Vaucluse sous l’étiquette de son propre parti d’extrême droite la Ligue du Sud.
Des conditions optimales pour le gouvernement
Pour la première fois, un gouvernement socialiste dans l’Histoire a la majorité au Sénat et à l’Assemblée nationale. Si l’on considère de plus qu’une majorité de régions sont dirigées par la gauche, la France prend de plus en plus une teinte rose.
Ces conditions favorables permettront-elles au gouvernement de mettre en place les mesures qui s’imposent dans le contexte de crise actuelle et de peser efficacement face à certains dirigeants européens en situation plus difficile dans leurs pays ?
Rached Cherif