France. L’incroyable affaire Karachi
« Le plus grand scandale de corruption depuis la seconde guerre mondiale » selon le journal britannique The Guardian. Ségolène Royal a dénoncé hier dans Libération : « Un système complètement corrompu ». Le ‘Karachigate’ comme le surnomme les médias étrangers est entrain de faire trembler toute la Sarkozie.
Il faut sauver le soldat Sarkozy
Son nom revient sans cesse. Mais sa garde rapprochée l’assure : « Le président n’est en rien concerné par cette affaire ». Henri Guaino, conseiller spécial du chef de l’État l’a affirmé samedi sur France 2. Avant de certifier : « M.Bazire est un ami du président de la République, mais ce n’est pas son proche conseiller, il ne l’a jamais été. Et M.Gaubert n’est plus dans l’entourage du président depuis plus de quinze ans ». Vendredi déjà, Chantal Jouanno et Pierre Lelouche avait volé au secours du président évoquant « une instrumentalisation ».
Hortefeux et Balladur bientôt entendus
Vendredi soir, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « violation du secret professionnel » et « recel », visant le contenu des conversations téléphoniques entre MM. Hortefeux et Gaubert.
Brice Hortefeux n’a pas attendu pour lancer la contre-attaque. Il a nié «catégoriquement avoir eu quelque information issue de la procédure judiciaire en cours» et a demandé «à être entendu par la justice».
Pendant ce temps les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire, en charge de l’affaire, cherchent toujours à savoir si des commissions, versées en marge de contrats d’armement conclus en 1994 avec le Pakistan (sous-marins Agosta) et l’Arabie saoudite (frégates Sawari II), n’ont pas donné lieu à des rétro-commissions pour financer illégalement la campagne Balladur en 1995. L’ancien premier ministre, très silencieux des derniers temps, devrait être auditionné très prochainement. Il devra s’expliquer entre autres sur une somme de 10 millions de francs déposée miraculeusement sur son compte de campagne.
L’étau se resserre
En 1995, Ziad Takieddine, intermédiaire franco-libanais a permis le retour en France de rétro-commissions liées à des ventes d’armes en 1994. À cette époque Thierry Gaubert était chef de cabinet adjoint au ministère du budget, sous les ordres de M. Hortefeux. Leur ministre n’était autre que Nicolas Sarkozy, également porte parole du candidat Balladur.
Le 8 septembre dernier, l’épouse de Thierry Gaubert, la princesse Hélène de Yougoslavie est entendue par la police. Elle décrit aux enquêteurs les voyages en Suisse qu’aurait fait son époux, en 1995, en compagnie de M.Takieddine, pour ramener des valises pleines de billets à Nicolas Bazire, proche de Nicolas Sarkozy et alors directeur de la campagne de M. Balladur.
Le 14 septembre, M.Takieddine est mis en examen. Le jour même, Brice Hortefeux appelle M. Gaubert et lui dit lors d’une conversation téléphonique enregistrée : « Elle balance beaucoup apparemment, Hélène ». Quelques jours plus tard, Thierry Gaubert et Nicolas Bazire se retrouvent mis en examen.
Cette affaire va sans doute éclabousser une grande partie de la classe politique française. Mais pour les familles des victimes, la question est ailleurs. Elle veulent savoir si l’arrêt de ces commissions, décidé par Jacques Chirac en 1996, a été à l’origine de l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 qui coûta la vie à 15 personnes dont 11 français.