France. L’exercice de math sur des migrants d’un manuel scolaire provoque un tollé

 France. L’exercice de math sur des migrants d’un manuel scolaire provoque un tollé

Un manuel de terminale propose un exercice de mathématique ayant pour objectif de compter des migrants en mer.


Un manuel scolaire peut-il présenter la dramatique crise migratoire en Méditerranée sous forme d’un problème de maths ? C’est la question qui se pose à la lecture d’un problème de mathématiques énoncé dans un manuel de terminale des éditions Nathan de 2017. L’exercice invite les lycéens de Terminale L et ES à dénombrer le nombre de migrants susceptibles d’arriver sur une île de la Méditerranée. L’éditeur reconnait une maladresse.


L’exercice propose de calculer le nombre de migrants « fuyant la guerre », censés arriver sur une île méditerranéenne à un moment « t » avec les paramètres suivants : « La première semaine, il en arrive 100. Puis chaque semaine, le nombre de nouveaux arrivants augmente de 10 % […] En déduire le nombre total de migrants qui seront arrivés dans cette île au bout de 8 semaines ». Et le manuel de préciser : « Arrondir à l’unité ». 


Paru dans un ouvrage de terminale à destination des filières ES et L (édité en 2017), et illustré par une photo de migrants sur un bateau pneumatique, cet exercice a provoqué l’indignation d’associations de défense de migrants comme d’hommes et de femmes politiques. Une partie de ceux-ci reprochent à l’énoncé une approche froide et arithmétique d’un drame humanitaire qui fait des milliers de morts chaque année, comme la sénatrice UDI Nathalie Goulet.


D’autres l’accusent de d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui véhiculent une vision anxiogène des flux migratoires, qui tendraient à augmenter de manière exponentielle. L’association Kâlî qui vient en aide aux migrants, estime que l’éditeur alimente insidieusement la théorie du grand remplacement chère au Front national, qui théorise une supposée substitution de la population française par une population non européenne, principalement venue d’Afrique noire et du Maghreb.


 


Nathan reconnaît sa maladresse


Dans un communiqué de presse envoyé vendredi en fin d’après-midi, l’éditeur a reconnu un choix « qui peut heurter » et promet de corriger le tir dans la prochaine édition, a priori l’année prochaine donc.


« Les programmes actuels encouragent la transdisciplinarité et l’ouverture sur d’autres thématiques [et] invitent à traduire une situation concrète à l’aide d’une suite arithmético-géométrique [ce que nous avons fait] en prenant l’exemple d’une population qui croît régulièrement en lien avec un sujet d’actualité », se défend Nathan.


L’éditeur semble toutefois prendre la mesure de son erreur. « Nous comprenons que le choix de cette thématique ait pu heurter », indique-t-il avant de rappeler son engagement à proposer « des ouvrages de qualité à tous les élèves et de porter les valeurs de tolérance de respect et d’ouverture sur le monde ».


Rached Cherif