France- L’embarrassant Ziad Takkieddine

Le marchand d’armes Ziad Takkieddine, principal suspect dans le volet financier de l’affaire Karachi, entretiendrait des liens très étroits avec certains membres de l’UMP actuellement au gouvernement et à l’Elysée.

Rapprochement franco-libyen

Selon les dernières révélations du site Mediapart, l’actuel ministre de l’intérieur, Claude Guéant, et le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, auraient aidé  Ziad Takkieddine à obtenir des contrats en Libye entre 2005 à 2007.

En 2005, le ministre de l’intérieur libyen rencontre son homologue français qui n’est autre alors que Nicolas Sarkozy pour «établir une coopération sérieuse dans tous les domaines de la sécurité». Le marchand d’armes sert d’intermédiaire pour différents projets : vente d’un système de fabrication de passeports et de cartes d’identité biométriques qui implique également la Sagem, modernisation de l’aviation militaire et protection des frontières et des ports… Des projets qui relèvent en principe du ministère de la défense.

Or, la même année, Ziad Takkieddine organise des visites de Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, Claude Guéant, directeur de cabinet au ministère de l’intérieur, et Brice Hortefeux, alors ministre délégué au ministère de l’intérieur et chargé des collectivités territoriales, à Tripoli. C’est alors que Ziad Takkieddine et Claude Guéant entrent en contact de manière directe.

Mediapart cite des extraits de courrier entre les deux hommes en vue de la préparation d’une visite de ce dernier qui permettra «plus d’aise pour évoquer  l’autre sujet important, de la manière la plus directe…» Tout en précisant qu’il est «indispensable que le volet ‘commercial’ de la visite ne soit pas mis en avant par les préparatifs officiels».

Quelques mois plus tard, un contrat de 33 millions d’euros est signé avec la marine libyenne. Ziad Takkieddine, via des sociétés offshore, percevra 4,5 millions d’euros entre 2007 et 2008. Et l’élection de Nicolas Sarkozy nourrit de nouvelles perspectives pour Ziad Takkieddine. «Des coopérations industrielles et technologiques assorties de créations d’emplois doivent être mises en place. Cette politique devra se traduire par la mise en place d’un système nouveau plaçant les contrats qui doivent aboutir sous l’égide du nouveau président», écrit-il le 11 juin.

Libération des infirmières bulgares

Toujours en juin 2007, Brice Hortefeux, alors ministre de l’immigration, doit se rendre à Tripoli car il est «chargé de la négociation de l’accord en vue du dénouement» de l’affaire de la libération des infirmières bulgares. Finalement, c’est Claude Guéant qui se rendra en Libye avec l’intention de «renforcer (la) coopération bilatérale, dans le domaine du développement technologique, du nucléaire civil, de la défense et de la formation».

Interrogé par la commission d’enquête parlementaire sur les conditions de libération des infirmières bulgares, il affirmera qu’il «n’y a eu aucune contrepartie, je l’ai déjà dit et je le répète: la France n’a pas déboursé un centime ; la France n’a pas conclu le moindre contrat pendant les discussions sur la libération des infirmières et du médecin ; la France n’a pas échangé leur élargissement contre des perspectives de coopération supplémentaires».

Gypsy Allard