France. Indignation autour du billet de Besson

 France. Indignation autour du billet de Besson

Dans son billet

Le billet de l’éditorialiste Patrick Besson publié dans Le Point cette semaine a suscité de vives indignations tout au long du week-end. Le journaliste s’y moquait allègrement de la candidate EELV, Eva Joly et de son accent. Partis de gauche et SOS racisme ont dénoncé un « racisme ordinaire ».

« Zalut la Vranze ! ». Voilà le début de la déclaration d’Eva Joly si elle arrivait demain à la présidence selon Patrick Besson.  

Dans son billet, l’éditorialiste raille l’accent et le programme de la candidate en l’imaginant devenue présidente à la suite du décès des autres candidats.

Dans un texte incompréhensible, l’auteur l’a fait menacer de « mèdre en examen et égrouer doute intifitu qui sélèfera gontre la fatalitité du scrudin ». Une  »kolossal finesse » qui n’a pas fait rire grand monde.

En déplacement à Montreuil (Seine-Saint-Denis) à l’occasion d’une visite du Salon du livre et de la presse jeunesse, la candidate EELV a dénoncé « une attaque raciste ».

« Il s’agit d’un racisme ordinaire, qui vise à reléguer hors des sphères du pouvoir ceux qui ne sont pas nés dans les bons quartiers, dans les bons territoires », a-t-elle déclaré. Eva Joly a exclu d’attaquer en justice l’éditorialiste, « le débat public doit avoir lieu sur la place publique, pas devant les tribunaux ».

Elle n’a en revanche pas manqué de jeter un pavé dans la mare, « Il pense que ça ne porte pas à conséquence parce qu’il s’agit d’un personne d’origine norvégienne, qu’il affuble d’un accent allemand et non d’une personne originaire d’Afrique ou du Maghreb ».

Indignation à gauche

Samedi, SOS Racisme avait été la première à réagir. L’association a dénoncé un billet « indigne, à connotation xénophobe », « une dérive nauséabonde qui tourne en dérision l’accent d’une candidate à l’élection présidentielle ».

Le Front de gauche a aussi réagi dans un communiqué écrit par François Delapierre, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, « Je sors consterné de la lecture du billet de Patrick Besson sur Eva Joly dans Le Point de cette semaine, où il invente un discours de présidente ridiculisée par un accent norvégien (ou allemand ?)».

« En réactivant le spectre du boche au détriment d’une compatriote, Patrick Besson fait preuve d’une xénophobie insupportable. Il manifeste un communautarisme atterrant en effaçant les propos d’Eva Joly derrière son origine. Il sous-entend que les Français nés ailleurs ne sont pas des citoyens à part entière », s’est-il indigné.

« Racisme ordinaire »

Dans le camp de la candidate à l’élection présidentielle, les réactions ne se sont pas fait attendre. Noël Mamère, le maire de Bègles, a estimé que ce texte relevait du « racisme ordinaire et de la beauferie ». « Je trouve choquants et insultants les propos de Patrick Besson à l’égard d’Eva Joly », a-t-il déclaré.

Il a aussi précisé qu’ « à travers la personne d’Eva Joly, ce papier est aussi une insulte à tous ceux qui, dans ce pays, ont un accent et qui, aujourd’hui, se sentent humiliés par des propos de ce genre ».

De son côté, Cécile Duflot, secrétaire générale d’EELV avait réclamé samedi des « excuses » à l’hebdomadaire Le Point, que Noël Mamère avait trouvé « pas très net dans cette affaire ».

Le directeur du journal, Franz-Olivier Giesbert a tenté d’éteindre l’incendie à sa manière : « C’est de l’humour, Besson s’est contenté de mettre par écrit ce qu’on entend à la radio », avant de se montrer plus virulent : « Je m’attendais bien à ce que ça remue un peu, mais pas à cette tempête médiatique dans un verre d’eau. Ceux qui montent sur leurs grands chevaux aujourd’hui n’ont vraiment rien à faire ».

Le dernier à avoir raillé un candidat sur ses origines était Jean-Marie Le Pen. Il se moquait de Sarkozy « le Hongrois », Le Point semble l’avoir oublié.

Jonathan Ardines