France. Hollande enflamme Bercy

 France. Hollande enflamme Bercy

« La France ne s’est pas bâtie sur la peur de l’autre »


À une semaine du second tour de l’élection présidentielle, le candidat socialiste a tenu un meeting au palais Omnisports de Paris-Bercy. Dans une ambiance festive et colorée, devant 22.000 personnes enthousiastes et confiantes, François Hollande a promis de « changer » la France. (Photo AFP)

 


« J’espère qu’il y aura un changement pour tous les sans-papiers », clame Najette devant le palais Omnisports de Paris-Bercy. Avec trois amies du collectif des sans-papiers parisiens (CSP75), elle est venue distribuer des tracts et écouter le « nouveau président ».


« Il faut qu’il passe, on ne peut pas repartir sur 5 ans comme ça », nous glisse Aziza, le quinquennat de Nicolas Sarkozy a été celui « des promesses sans lendemain ». « Il a promis puis il a commencé à éliminer tous les immigrés en créant de nombreux centres de rétention », s’emporte Aïcha, jeune maman marocaine.


Aujourd’hui, elles « croient » de nouveau à un « avenir plus juste ». « On veut travailler, être en règle et payer des impôts dans un pays que l’on aime », clament-elles à l’unisson.


 


« Un moment historique »


« Il n’y a plus de places dans les gradins, allez voir un peu plus loin ou descendez dans la fosse », s’époumonent les jeunes ouvreuses socialistes. Il est 15h30 et le palais omnisports affiche déjà quasiment complet. Sur scène, Najat Belkacem, porte-parole du candidat socialiste donne le ton au micro et salue tous les « people » présents (Bedos, Célarié, Balasko, Lindon, Darmon) ainsi que la candidate EELV Éva Joly. Puis c’est au tour des Nèg’Marrons qui viennent enflammer la salle avec leur tube mythique, « On fait le bilan ».


Entre deux déhanchés, une famille franco-tunisienne qui a fait le déplacement depuis Créteil, se réjouit de l’engouement et de la mobilisation. « C’est formidable de voir autant de monde, affirme Samy, ça prouve que les gens veulent vraiment que ça change, nous vivons un moment historique ».


Dans la salle, les drapeaux socialistes fleurissent au milieu des jeunes militants fiers d’arborer leur t-shirt blanc et rouge. Salim fait partie des jeunes socialistes de Picardie (MJS) qui ont été de tous les meetings. « J’ai été séduit par la personnalité de François Hollande, beaucoup plus que par celle de Royal », nous confie-t-il. Comme la plupart des militants ou sympathisants que nous rencontrons, Salim est « très confiant » pour le second tour et ne se fait « pas de soucis » pour le débat.


 


 « Sarkozy stigmatise notre communauté »


Sanseverino et Yael Naim se succèdent sur scène alors que l’ambiance ne cesse de monter dans la salle. Najat Belkacem lance une ola qui met le feu à Bercy. Dans la fosse, une haie d’honneur se crée en attendant le candidat et tout le monde afflue pour être sûr « de le voir en vrai ».


Smaïn se tient là, debout, son téléphone portable à la main pour être certain « d’immortaliser ce moment ». Il n’a pas le droit de vote, il fait partie de ces étudiants étrangers stigmatisés depuis deux ans. « Aujourd’hui, c’est très difficile d’obtenir un changement de statut ou un avis favorable. On croit vraiment en François Hollande, il a dit qu’il soutiendrait les étudiants étrangers ».


À ses côtés, Farid, un ami de longue date. Cet étudiant en économie ne cache pas son amertume et son mépris pour le président sortant, « depuis le premier tour, Nicolas Sarkozy stigmatise notre communauté (musulmane), c’est choquant mais ça ne m’étonne même pas de sa part ». La conversation s’interrompt, Manuel Valls apparaît, suivi de très près par François Hollande sous les hourras de la foule.


 


« Lutter contre l’extrémisme et ce qui le produit »


« Je pense que l’on va passer un long moment ensemble », lance le candidat socialiste à la tribune. La salle, pleine à craquer, entonne des « Hollande Président ». François Hollande pointe du doigt un « quinquennat de l’échec ». « Est-ce que des gens veulent continuer ? Je ne le crois pas », ironise-t-il. Pourtant, il ne veut pas se présenter comme le simple « candidat du rejet », François Hollande veut être le « candidat d’un espoir ».


Face à la politique de droitisation par l’extrême employée par son adversaire, le candidat socialiste préfère opposer le « patriotisme au nationalisme ». « La France ne s’est pas bâtie sur la peur de l’autre », affirme-t-il devant un public multiculturel.


Hollande met en garde « ceux qui craquent des allumettes et jouent avec le feu en mettant l’étranger au cœur de cette campagne ». Le candidat du « changement » comme il aime le rappeler affirme qu’il faudra « lutter contre l’extrémisme et ce qui le produit ». Pour conclure, il donne rendez-vous le 6 mai pour la « victoire », « partout on nous attend, partout on nous espère ».


Jonathan Ardines