France. Guéant s’attaque à l’Islam radical

 France. Guéant s’attaque à l’Islam radical

Mohamed Achamlane (à gauche)

Le ministre de l’Intérieur a annoncé hier lundi la dissolution du groupe radical, « Forzane Alizza ». Dans le même temps, Mohamed Hammami, imam à Paris, a reçu une procédure d’éloignement. On lui reproche ses prêches à caractère antisémite.

 

Claude Guéant les présente comme les acteurs principaux d’un « islamisme radical et violent ». L’association Forzane Alizza, « Les cavaliers de la fierté » et un imam parisien risquent d’être durement sanctionnés dans les prochains jours.

Le ministre a déjà annoncé hier lundi la dissolution de l’association, jugeant « insupportable que dans notre pays, un groupement forme des personnes à la lutte armée ».

Le porte-parole de Forzane Alizza, Mohamed Achamlane, joint au téléphone hier par l’AFP, a contesté la dimension violente de son mouvement, jugeant les propos du ministre « diffamatoires » et  « calomnieux ».

Il confirme qu’il a reçu ce week-end un courrier lui annonçant la décision du ministère de l’intérieur de dissoudre son mouvement, en lui demandant une réponse sous 10 jours.

Fondée en 2010, Forzane Alizza diffuse régulièrement des vidéos sur son site et a souvent fait parler d’elle. En juillet 2010, visages camouflés, ses membres avaient encouragé les passants à ne plus aller chez McDonalds, accusant l’enseigne de travailler pour Israël. Une action qui avait valu une peine de prison avec sursis à Mohamed Achamlane, dit Abou Hamza, en septembre dernier.

Il avait également été condamné pour avoir brûlé le code pénal dont « pas une ligne ne protège les musulmans ». Il y a quelques mois, l’association avait prétendu avoir à nouveau brûlé un exemplaire du Code pénal à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pour protester contre la loi sur le voile intégral.

Un petit tour sur le site internet permet de se faire son idée. Le dernier message posté est titré « Recrutement Forzane Alizza » : « Notre organisation prend de l’ampleur et nous avons besoin de main d’œuvre fissabilah. Nous recherchons toutes sortes de compétences mais surtout des soldats » puis « Si vous appréciez les sports de combat et êtes capables d’intervenir rapidement lorsque l’on vous sollicitera alors votre profil nous correspond, inchaalah ».

Pour M. Achamlane, il y a confusion. Il réfute toute dimension militaire, « le mot soldat est utilisé aussi chez les chanteurs. Cela ne veut pas dire forcément soldat armé en tenue militaire ».

 

Un imam menacé d’expulsion

Claude Guéant a annoncé également hier l’expulsion imminente d’un imam accusé selon lui d’avoir appelé à « fouetter à mort » les femmes adultères. Une commission des expulsions se prononcera le 7 février sur l’imam tunisien Mohamed Hammami qui officiait rue Jean-Pierre Timbaud dans le XIe arrondissement de la capitale.

Ce religieux est un homme septuagénaire vivant en France depuis les années 60. Le ministre de l’Intérieur l’accuse d’avoir tenu « des propos violemment antisémites ».

Il aurait reçu la semaine dernière sa procédure d’éloignement. Selon Samir Amghar, chercheur et auteur d’un ouvrage récent sur le salafisme, Mohamed Hammani avait été durant plusieurs années le représentant du mouvement Tabligh en France, « rigoriste et ultraorthodoxe ».

Cet imam qui aurait dit à ses fidèles que « leur argent ne devrait pas être placé en banque car il profite aux juifs », avait déjà été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour en être venu aux mains avec des journalistes.

Depuis le 11 septembre 2001, les prêches sont surveillés par les services du renseignement intérieur. Sur les 145 mesures d’éloignements de personnes jugées islamistes, 34 concernaient des imams ou des prédicateurs.

Des expulsions qui ont lieu sur la base de l’article L 521-3 du Code d’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Un texte qui condamne « des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes ».

Jonathan Ardines