France. Guéant dans la tourmente

 France. Guéant dans la tourmente

Malgré la polémique suscitée par son discours

Le ministre de l’Intérieur continue de soutenir que toutes les « civilisations ne se valent pas ». Alors que la gauche l’attaque de toutes parts, l’UMP a pris sa défense et justifie ses propos.

 

« Je ne regrette pas ma déclaration », a insisté le ministre de l’Intérieur ce dimanche sur RTL. Malgré la polémique suscitée par son discours, Claude Guéant n’a nullement l’intention de s’excuser, il maintient ses propos : « Toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique ».

Tenus samedi à l’assemblée national lors d’une réunion à huis clos avec le syndicat étudiant UNI, lié à la droite radicale, les propos du ministre sont tombés la veille d’un sondage IFOP qui a fait beaucoup de bruit.  

Sans Marine Le Pen, toujours privée de ses 500 parrainages, à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy remonterait dans les sondages pour atteindre 33 % au premier tour, tout comme son adversaire PS, François Hollande.

Pour Pierre Moscovici, député PS et directeur de campagne du candidat, « c’est un geste prémédité, volontaire et conscient ». Pour le député du Doubs, le ministre cherche à « créer des passerelles entre la droite et l’extrême droite ». Il va encore plus loin en l’accusant de « viser les musulmans, il vise l’islam. C’est écrit en gros et cela est de nature à casser la mécanique républicaine ».

Des propos relayés par le candidat du Modem, François Bayrou. Le candidat centriste trouve « ces propos dangereux car, derrière, il y a autre chose : une volonté de dresser les sociétés les unes contre les autres ».

Pour lui, pas de doute, « ce qui est visé, c’est l’islam. Or, un dirigeant politique dans un pays comme le nôtre devrait s’interdire d’exciter les sentiments du peuple dont il a la charge, contre une partie importante de l’humanité et contre des concitoyens ».

 

Hollande prend position, Juppé prend du recul

« Il (Claude Guéant) ferait mieux de s’occuper de la société plutôt que de faire des phrases sur la civilisation », a déclaré hier lundi François Hollande à quelques journalistes dans le train qui le menait à Dijon. « Moi, dans la campagne présidentielle, je veux apporter des réponses, d’autres apportent des problèmes », a rajouté le candidat.

À droite, on défend bec et ongles le ministre, à l’exception d’Alain Juppé qui a regretté la forme. « Je reconnais que le mot de civilisation peut prêter à confusion. Moi, je ne parlerais pas, effectivement, de choc des civilisations, car je pense que c’est inadéquat ».

Pour le reste, c’est l’unité dans les rangs de la majorité présidentielle. Le ministre du travail Xavier Bertrand s’est étonné que les déclarations de M. Guéant fassent « polémique ».

Le ministre de la Défense, Gérard Longuet a rejoint le ministre de l’Intérieur sur ses propos : « Tout ne s’équivaut pas, je crois que le respect de la personne, le respect de la femme est un devoir absolu. Or, il y a des sociétés qui ne respectent pas, il faut savoir, il faut le dire. »

Interrogé par les journalistes pour savoir si il faisait référence aux sociétés musulmanes, le ministre a répondu : « Pas toutes, l’islam est polymorphe dans le temps et dans l’espace et s’il y a des sectes minoritaires, il y a un islam débonnaire et bon enfant ».

Arno Klarsfield, président de l’Office française de l’immigration et de l’intégration (Ofii) a déclaré à l’AFP qu’ « il préférait une civilisation où la femme a une place égale à l’homme plutôt qu’une civilisation où l’homme piétine la femme ».

Une sortie qui n’a pas non plus choqué le président de l’UNI, Olivier Vial, présent samedi. Pour lui, « c’est un discours dans lequel tous les Français se reconnaissent », a-t-il déclaré à l’AFP.

Rappelons que son syndicat, proche de la droite radicale, publiait en décembre un tract tout en nuance lors du débat sur le droit de vote des étrangers, « Droit de vote des étrangers/Citoyenneté bradée ».

Jonathan Ardines